Extrait du journal

2 mars. Une de ces après-midi" que les Anglais appellent « glorieuses ». Dans la plaine, cet amas de pignons serrés, que domi nent deux tours géantes, c'est la vieille cité gothique de Cantorbéry. Au delà, une ligne sinueuse de collines bleuâtres sous une brume dorée. Plus près, des prairies, parsemées de grands arbres, montent en pente douce jusqu'au seuil du collège Sainte-Marie, vaste édifice en briques, de style simple mais de grand air. A droite, à gauche, et bien loin en ar rière, s'étendent les allées du parc, en ce moment dépouillées par l'hiver, mais qui, l'été, encadrent la maison de ver dure, et ferment l'horizon. C'est ici que les Jésuites, expulsés de la rue Lhomond, sont venus se réfugier avec leurs élèves. Les « philosophes » offrent aujour d'hui une matinée au père recteur. On a bien voulu me le faire savoir, et je suis accouru, curieux d'entendre parler ici cette philosophie que l'on condamne au silence en Sorbonne. Mais l'heure n'est pas encore sonnée; profitons-en pour aller prier un instant dans la chapelle, et pour visiter la maison. En traversant les classes, je remarque des pupitres mobiles, qui, grâce à un système ingé nieux et simple, avancent ou reculent.au gré de l'élève; ces pupitres se prêtent à toutes les tailles, à toutes les vues, et permettent à l'enfant de se reposer, en changeant d'attitude, sans quitter sa place ni son travail. Du rqste, point d'entailles, point de trous, point de sottes inscriptions ; les tables sont vier ges. Rampes, boiseries, planchers, tout...