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Le Figaro, 8 avril 1913

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Le Figaro
8 avril 1913


Extrait du journal

perdre. Aussitôt il a commencé à travail ler. Le feu s'est élevé dans la forge, boi teux et dansant; comme du temps qu'il était un dieu ; l'enclume a tinté quelque fois; le fer.a rougi comme un croissant lunaire ; le maréchal lui-même, qui be sognait sans parler,.avait cet air de ruse et de finesse que la Fable de tous les pays attribue à. ceux qui collaborent avec la,flamme. Le cheval patient ne re muait pas; quelques enfants obscurs s'étaient assemblés et ne bougeaient pas plus que lui. Sur tout cela flottait une poésie douce et vénérable, sortie de-ce métier qui n'a point changé depuis très longtemps. C'était.l'heure ou se répand l'ombre, où. tout semble être emporté dans son onde :.et, pour n'y être pas en traîné, le petit village se fixait et se pi quait au flanc du coteau par quelques lumières. , *** La. ruine. — Loin des chetives maisons des hommes, ample, droite, superbe, la reine de la solitude trône au sommet de sa colline inculte. Sur elle passe le souffle subtil des hauteurs. .Elle dresse encore ses tours, ses'murailles, et sur ses terrasses démantelées des ' pins ont poussé, des cyprès montent d'un seul jet comme pour la défendre. De loin, ellepâraît dédaigneuse ; de près," elle rit. Ornée et fleurie avec une sorte de faste sauvage,- toutes les plantes- rudérales foisonnent entre ses pierres et dans ses lossés. Les renoncules ouvrent leurs calices vernis, les orchidées dressent leurs hampes, la pàquéretie abonde, la violette et la primevère se promènent et se rencontrent dans l'herbe ; le lierre voraee s'applique aux murs, y suspend ses profondes draperies,, où bougent et filtrent quelques oiseaux. Un d'eux s'en vole avec un cri bizarre; un autre, plus mystérieux, s'inquiète sans vouloir s'en fuir, et sans doute est-ce l'âme enchantée d'un ancien châtelain, qui ne peut se détacher des lieux où elle vécut. Quel ques corbeaux .croassent d'un air noble sur une corniche. Deux petits faucons, du haut d'une tour, se, jettent brusque ment dans l'azur et, après y avoir voleté quelques instants, y restent suspendus et immobiles, les ailes j-aides comme de petites épées. Au loin un village exhale sa fumée bleuâtre. La ruine ne fumera jamais plus : elle oublie et dépose sa vieillesse humaine dans l'enfance de ses fleurs ; elle se redonne à la nature. On retrouve encore, sur des chapiteaux, les feuillages taillés dans la pierre ; mais partout la plante vivante rejoint et enguirlande, comme pour la relever de sa longue captivité, là plante sculptée. Lo paysage bouche seul les grandes fenêtres vides, à-travers les quelles la ligne pure des lointaines inontagnes neigeuses se répand comme une mélodie, tandis que les plus hautes de ces baies ouvertes n'ont, pour les rem-plir, qu'un pâle et suave vitrail d'azur....

À propos

En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.

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