Extrait du journal
la magnificence du spectacle, a peine à s'arracher à la contemplation d'une scène véritablement tragique, qu'amplifie la beauté du ciel. Relevés dès l'aube, nous sommes partis dans la nuit glaciale, avec l'espérance de monter à bord de l'Atlantique. Avec son amabilité extrême, M. Quoniam, président de la chambre de commerce, a mis la vedette de l'Union commerciale à notre disposition. Mais nous ne partirons qu'à huit heures ! Nous arpentons le quai, trompant l'attente. L'aube se lève et Cher bourg sort lentement de sa torpeur. Nous interrogeons l'horizon et voici qu'à tra vers les cordages des bateaux mouillés dans le port se dessinent trois cheminées monumentales : celles de l'Atlantique. Autour du navire, que l'on devine bien plus qu'on ne le distingue, les feux des remorqueurs dansent une ronde infernale. Nous sommes partis. Des mouettes pas sent au-dessus de nos têtes, comme des accents circonflexes gris. La petite rade est encombrée par les remorqueurs allemands et hollandais, qui se sont disputé l'épave. Un charbonnier anglais dort contre la digue de Homet. Un canot monté par une équipe de mate lots, col bleu et pompon rouge, s'éloigne à force de rames. Nous entrons dans la grande rade. Le géant, carcasse mutilée, est là, sous nos yeux, incliné par 12° à bâbord. Nous attendions un affreux squelette. Malgré les tôles rougies sur lesquelles la peinture a coulé, l'Atlantique conserve ligure de navire. Les cheminées sont intactes. De la pre mière s'échappe un filet de fumée noirâtre qui traîne.'.. Les chaloupes sont à leur place, jaunies ainsi que des cirés. Elles sont à leur place, sauf une, qui a été ren versée, projetant ses occupants à la mer, et demeure suspendue par un câble. Le mât de misaine est brisé et s'enfonce dans la vague. Son nid de pie pend de fa çon lugubre. Les ancres sont immobiles dans leur encoche,; la proue a cruellement souffert ; il ne reste rien des mâts de charge et la passerelle de commandement se tord dans une suprême délresse. Des flo cons jaunâtres s'élèvent, indiquant que le feu couve encore. Par contre, la structure du spardeck et celle des ponts supérieurs paraissent intactes.QuelIe sécurité offrent ces poutrelles et ces tringles rongées et rougies par le feu ? Des marins circulent néanmoins, grimpent aux échelles et disparaissent à bâbord, pour reparaître à tribord. Par les portes de la coupée largement ouvertes, on découvre le ventre du navire, vide d'en trailles. Tout a été dispersé, détruit... Le vide béant, là, dans cette coque qui hallu-...
À propos
En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.
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