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Le Figaro, 8 septembre 1890

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Le Figaro
8 septembre 1890


Extrait du journal

pauvre reportage dont ceux-là surtout qui n'en sont pas l'objet disent tant de mal. » . Au retour, un télégramme apporte la réponse de la duchesse d'Uzès. En voici le texte : Arthur Meyer, Grand'Hôtel Vevey, Suisse J'approuve ce que vous direz, étant sûre que vous ferez pour le mieux comme vérité. Répondez hardiment que nous n'avons ja mais eu en vue que le relèvement de notre pays dont la monarchie libérale est le seul moyen. Ceux qui ne veulent pas en convenir maintenant en sont aussi convaincus que nous, car la France reste monarchique en dé pit de toutes les. cabales possibles. Amitiés. Duchesse d'Uzès. — « Vous voilà libre maintenant? fisau directeur du Gaulois. — » Oui, me répondit-il après un si lence; mais je ne veux pas, vous le com prenez, ajouter un nouveau chapitre aux retentissantes Coulisses et je ne puis vous dire et vous affirmer que deux choses à propos de notre conduite poli tique : c'est que nous avons eu la volonté de faire la Monarchie... et que nous sommes de braves gens. » Je réponds ainsi à tous ceux qui prétendent que nous étions condamnés à être des niais ou des dupes : Ides niais, si nous ne réussissions pas, parce qu'il ne nous restait que la déconvenue et lë déshonneur; des dupes, parce que nous aurions été trahis si nous avions vaincu. » Eh bien 1 nous n'avons pas été des niais et nous n'aurions jamais été des dupes. » Le déshonneur est un cliché que nous servent les républicains, quand ils sont au gouvernement, pour critiquer les procédés qu'ils emploient quand ils sont dans l'opposition. Ils nous disent que nous avons trempé nos manchettes dans la boue et dans l'ordure, tandis que, nos manchès relevées, nous avons, comme des ouvriers, travaillé à leur enlever le pouvoir qu'ils détiennent. Quand les républicains nous méprisent, c'est qu'ils nous craignent; quand ils nous estiment, c'est qu'ils nous dédai gnent. » Croyez-moi,il ne faut pas juger ainsi les actes sur la réussite, et il n'y a pas que le Dieu aveugle du succès 1 » Trois partis se présentaient : » Rester neutre. Combattre le Boulan gisme. S'associer à lui. » La neutralité, c'était l'abdication. » Combattre le général, nous avions essayé de le faire à la Chambre et dans nos journaux, et la popularité de M. Boulanger n'avait fait que grandir. Cette popularité, il faut bien l'avouer, était faite pour un. peu des qualités réelles du général, de la légende de pa triotisme et d'esprit militaire ; elle était faite, pour beaucoup, du travail habile des radicaux ; pour énormément de la bêtise humaine.'-Mais enfin elle exis tait. » Et les lettres du duc d'Aumale? me dira-t-on. La politique n'est pas du "sen timent. C'était un général radical, ajoutera-t-on. Mais Bonaparte n'était-il pas, lui aussi, le fils de la République, son meilleur fils? Et puis, les circonstances étaient exceptionnelles . La Chambre était discréditée. La droite elle-même, mal gré l'énergie indomptable de M. de Cassagnac, mâlré l'éloquence de M. deMun, malgré l'expérience de M. de Mackau et la souplesse de M. de Breteuil, la droite avait fait faillite aux espérances des électeurs de 1885 ; la gauche avait fait banqueroute à tous ses engagements et à toutes ses promesses. Quant au pou voir suprême, à la suite des révélations du procès Wilson, il était tombé dans le mépris public. Le mécontentement était absolu. » Alors apparaît le général avec notre propreprogramme:Revision, programme que M. Bocher avait présenté à la tri bune, M. Bocher qui n'a jamais voulu aucun honneur et qui est l'honneur du parti. » Notre intérêt, nos principes, notre rôle, la haine de ce qui était, tout nous commandait de ne pas combattre M. Boulanger. Et nous avons suivi notre devoir, qui était de nous associer au mouvement de mécontentement qui avait notre formule, et de conspirer au grand jour, comme des adversaires irré conciliables mais loyaux. » Si nous n'avions pas soutenu le boulangisme, vainqueur il était contre nous. Quant au gouvernement, vain queur avec nous, il était, le lendemain aussi, vainqueur contre.nous. » Aussi avons-nous décidé qu'il fallait faire mieux encore que soutenir le Bou langisme, et nous l'avons dirigé.» — Mais sans l'argent royaliste, demandai-je, le mouvement boulangiste n'aurait peut-être pas eu la même inten sité? —«C'est une erreur. Le danger qui nous menaçait alors était immense. Combien de fois le comte Dillon nous a-t-il répété : Il faut que le général n'ait de Vargent que par voies ; des capitalistes qui voient en luiune affaire lui offrent des sommes énormes, mais le règlement serait /ait aux dépens du pays. » Le général chassé de l'armée, mar tyr, ayant accepté les propositions des spéculateurs, joignait alors à son pro gramme de dissolution et de revision ces trois mots : « Guerre aux aristo crates » et il formait une vaste ligue démocratique qui allait de Rochefort au prince Napoléon. Austère, il prenait un appartement tranquille ; comme Bo naparte au quai Conti, il jouait le rôle toujours séduisant de père du peuple en face des parlementaires qu'il traitait de voleurs et de vendus. » Quelle posture auraient eue les royalistes ? » Et il ne faut pas nier que le pays soit démocratique et impérialiste. Quand le duc d'Orléans s'est révélé à la France émue par l'acte chevaleresque qu'il a accompli, n'a-t-on pas entendu un brave concierge dire, le soir de l'arrestation : « C'est d'un vrai Napoléon, ce qu'il a fait là 1 » Il faut donc que les royalistes s'efforcent de démontrer au pays qu'ils sont tout aussi modernes que les Napo léons et qu'ils peuvent, aussi bien qu'eux, mieux qu'eux, contenter les in térêts et satisfaire les aspirations....

À propos

En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.

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