Extrait du journal
Jardin à louer ! .On s'est bien amusé, hier, rue Royale. Cette pauvre belle rue est terriblement défoncée, depuis quelques mois, dans les parages de la Madeleine, et les acci dents de terrain font d'elle une manière de Forum romain, où on est tenté de chercher les archéologues occupés aux ■ fouilles... Mais, le Forum romain, des bœufs n'y paissaient-ils pas jadis ? Eh bien ! hier, en plein Paris, la rue Royale a vu mieux encore. En s'éveillant, ses habitants ont pu contempler — parmi les immenses tas de sable qui attendent vainement leur emploi — un ravissant petit potager planté de carottes, navets, salades, etc., etc... commenté par cet écriteau satirique : jardin a louer au mois oo a l'année Jouissance de suite Tout le monde s'arrêtait : on* riait, on était enchanté !... Par malheur, cette spirituelle espiè glerie,—que l'on attribue, dans le quar tier, aux garçons d'un grand restaurant voisin, — a paru fort irrespectueuse à l'administration municipale. Et son vandalisme impitoyable a anéanti l'inoffensif et joyeux petit po tager I 0-00-0—1—■ BILLET A quelques Nantais Il paraît, messieurs, que vous avez décidé d'ériger à une de vos compatriotes, nommée Sophie Trébuchet, un monument. Voilà un nom que beaucoup, de Français, même à Nantes, entendront pour la première fois. Sophie Trébuchet ne joua cependant pas un rôle -insignifiant- dans notre histoire, puis qu'elle devint la femme d'un général qui la rendit mère... de Victor Hugo. L'idée est gentille. Elle est même tou chante. Mais tout dé même, messieurs, ne craignez-vous pas de donner là un bien dan gereux exemple ? Car enfin, il y a beaucoup d'autres mères dont nous aurions le devoir d'honorer la mé moire... Il y en a exactement une par grand homme, si je compte bien ; et voilà déjà de quoi encombrer terriblement nos places pu bliques et nos squares où déjà se faisait un peu sentir, vous ne l'ignorez pas, l'abus de la statue. 'D'autant, messieurs, qu'une fois qu'on aura entrepris d'élever des monuments à « leurs mères », il serait bien injuste qu'on s'en tînt là. Il y a les pères aussi, dites ? Il y a même les sœurs. Rappelez-vous, messieurs, l'Henriette exquise de notre Renan, et la page qu'il lui consacre au commencement du plus célèbre de ses livres. Je vous assure que vous nous poussez là sur une terrible pente... Quel peut bien être le sculpteur avide qui se cache au milieu de vous ? — S. O-OOO — Une méprise explicable. Le bureau de poste art nouveau — style Simyan — dont nous avons an noncé l'ouverture à l'angle du boulevard Haussmann et de la rue Gluck, recevait hier la visite d'un monsieur très correct, fort élégamment vêtu. Après s'être pro mené autour du comptoir garni d'une plaque de cristal il s'approcha d'un des employés. — Une langouste, s'il vous plaît, fit-il. — Plaît-il ! répondit le postier ahuri. — Une bonne langouste, pour six per sonnes. L'employé, de plus en plus abasourdi, ouvre des yeux démesurés. — Oh ! pardon, reprend le pince-sansrire. Je me croyais dans une poisson nerie. Et le monsieur-élégant salue et se re tire. ■ - 0-<30~0- — Affiche féministe. Devant elle, on s'arrête, on lit, on mé dite, on admire, — et on plaisante... Elle s'étale en ce moment sur les murs du onzième arrondissement, la belle af fiche verte (couleur d'espérance) qui sol licite les électeurs en faveur de trois candidates, et invite le sexe fort à se donner des « représentantes ». Cette affiche dit aux hommes pour quoi leur devoir et leur intérêt comman dent que leur vote honore des femmes, de faibles femmes. D'abord, c'est juste, avance-t-elle, parce que « la majorité de la nation » se compose de femmes. En vérité?... Mais alors, on comprend, en effet, très bien que le « féminisme » passionne tant de vieilles demoiselles. L'insuffisance du nombre des hommes, comparé à celui des femmes, a dû leur créer ces loisirs. . Et puis, c'est utile : G'est au détriment de toute la Nation que les Femmes prévoyantes et économes sont exclues du Gouvernement du Pays ; car, en supprimant le gaspillage, elles feraient ins taurer dans l'Etat le bien-être qu'elles savent introduire dans la maison. Toujours?... Il y a bien, pourtant,quelques femmes dans le monde qui pourraient en re montrer aux hommes dans l'art élégant du gaspillage et qui ne redoutent point de s'avouer « un peu dépensières » ?...
À propos
En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.
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