Extrait du journal

La journée d'hier devait être décisive pour la conférence d'Ottawa. Il ne semble pas que ces es poirs se soient réalisés. Si les entretiens qui ont eu lieu hier ont marqué un progrès assez sensible dans les pourparlers anglo-australiens, l'Australie ayant consenti à réduire les droits de douane ac tuellement en vigueur, par contre les négociations entre l'Angleterre et le Canada n'ont donné jus qu'ici aucun résultat appréciable. A la base du malentendu, il y a le fait que l'in dustrie canadienne, qui accomplit un effort con sidérable, ne se soucie pas d'être concurrencée par les marchandises britanniques. D'autre part, la Grande-Bretagne désirerait limiter aux seuls pro duits qui lui sont nécessaires l'abaissement des ta rifs qu'elle offre à ses Dominions. Sur le terrain agricole notamment, elle a tout à craindre de la concurrence de ses anciennes colonies. Or, à l'heure actuelle, chaque Dominion a pré cisé, sous la forme d'une dernière proposition, la limite extrême de ses offres au commerce et à l'in dustrie anglais. II semble qu'aucune nouvelle con cession ne soit possible et quÈ, malgré leur désir d'établir une unité commerciale dans l'Empire, les Dominions ne pourront pas revenir sur leurs dé cisions. Dans ces conditions, il est fort possible que les délégués d'Ottawa se séparent sans avoir réussi à se mettre d'accord et qu'en ce cas les relations entre le Royaume-Uni et ses Dominions sortent de cette épreuve singulièrement refroidies. L'on peut être certain, en effet, que la Grande-Bretagne ne se prêtera jamais à des arrangements susceptibles d'affaiblir son prestige et de diminuer son autori té. La considération d'ordre politique et national l'emportera toujours chez elle sur les arguments d'ordre économique si impérieux soient-ils....