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Le Figaro, 9 février 1906

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Le Figaro
9 février 1906


Extrait du journal

latrices de son amour. Nous connais sions les unes au moins en partie, celles adressées au comte de Guibert. M. de. Ségur en comble les lacunes et .nous rend en citations des fragments de celles de cet aimable marquis de Mora destiné à mourir si jeune et à hâter par son éloignement et sa mort la fin de son amie. Nous ne pouvons que rappeler ici ces épisodes de l'histoire d'une âme. Dans le récit qui vient de nous les rendre, le talent du narrateur leur a donné un in térêt poignant. Il suffit d'y regarder pour s'en convaincre. Ils s'étaient déroulés sous les yeux de d'Alembert ; mais, aveuglé par sa tendresse confiante, il n'en avait rien vu, rien compris, et il, n'en connut le véritable caractère que lorsqu'il ne pouvait plus adresser de re proches qu'à une morte. Elle l'avait désigné comme son exécu teur testamentaire et chargé de classer ses papiers, de restituer certaines cor respondances et de brûler le reste. Au cours de cette triste besogne, il tomba sur un -manuscrit où elle avait conté l'histoire de .ses amours avec le marquis de Mora. La vérité qu'il ignorait éclata ainsi devant ses yeux. C'est a - Mora qu'était allée la meilleure part du cœur sur lequel il croyait régner sans partage. Depuis huit ans il n'en était plus le pre mier objet; peut-être même .Julie ne l'avait-elle jamais aimé ! Ce qui acheva do lui prouver que dans co .cœ.ur qu'il accusait d'ingratitude et d'oubli il né venait qu'au dernier rang, c'est qu'en parcourant les innombrables lettres qu'il était chargé de détruire, il s'aperçut'que Julie n'avait pas gardé une seule des siennes. . Il ne devait jamais se consoler de cette amère déception. Par une ironie suprême, c'est au comte de Guibert qu'il en fit d'abord l'aveu. « Plaignez-moi, monsieur^ lui écrivait-il, plaignez mon abandon, mort malheur, le vide affreux que je vois dans le reste de ma vie. Je l'ai aimée avec une tendresse qui va me rendre le besoin d'aimer nécessaire ; je n'ai jamais été le premier objet de son cœur; j'ai perdu seize ans de ma vie et j'ai soixante ans. Que ne puis-je mourir en écrivant ces tristes mots et que ne peuvent-ils être gravés sur ma tombe ! » En les écrivant, il ne se doutait pas que le comte de Guibert à qui il les adressait n'avait pas moins contribué que le marquis de Mora à l'infortune qui lui arrachait ces lamentations dou loureuses. Ernest Daudet....

À propos

En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.

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