Extrait du journal

Il est à croire que le ministère Goblet se constituera. La crise ouverte à l'étourdie comportait plusieurs solutions. M. de Prevcinet pouvait reprendre le pouvoir, autorisé d'avance à procéder à la dissolution et aux élections nouvelles, comme cela se pratique en Angleterre : ce qui eût peut-être suffi à calmer les « amateurs » et les hommes à principes de l'extrême gauche. On pouvait considérer le vote sur les sous-préfets comme sérieux, mettre M. Clémenceau au pied du mur, le fusiller premier ministre et ne lui taire grâce qu'en échange d'un aveu d'impuissance. C'eût été très spirituel et de bonne guerre. On pouvait encore- mais certaines considérations de politique étrangère ont dû intervenir ici - s'adresser à M. Floquet, qui a su se faire aimer à la Chambre et estimer partout comme président. A la solution souhaitable, à la solution spirituelle, à la solution politique, il a fallu préférer, paraît-il, la solution simplement désagréable : c'est le ministère Goblet que je veux dire....