Extrait du journal

Le fauteuil du président de la Chambre est comme l'escabeau du petit greffe à Mazas ; c'est là que le patient prend place pour la suprême toilette. Pendant un moment, le tour de M. Charles Floquet semblait venu, et si, à la dernière heure, M. Jules Grévy ne l'avait pas gracié, la justice de l'extrême gauche serait satisfaite. Je vais profiter de cet incident dans la vie politique de M. Floquet pour faire de lui un léger croquis, sans m'attarder àsapolitique. Ce détail ne me regarde pas ; je m'en tiens à la France des arts, des lettres et du tra" vail patient et souvent obscur ; elle me suffit. Cet éloignement voulu desdiscussions politiques, où tout est haine et injustice, m'a permis de traverser notre temps si troublé saris perdre en route ni un ami ni une relation de jeunesse, pas plus M. Paul de Cassagnac, par exemple, que M. Charles Floquet, ces deux antipodes qui, du reste, en dehors du Parlement, font très bon ménage ensemble. S'il ne s'agit que de reconnaître en le député du Gers un tempérament d'orateur avec ses emportements, mais aussi avec des éclairs véritables, " le président de la Chambre rendra toujours justice à son adversaire politique; de même, M. de Cassagnac ne contestera jamais qu'il est impossible d'avoir plus de tact, d'esprit et d'à-propos que ' M. Floquet pour présider une Chambre. M. Charles Floquet eût été regretté au Parlement, et je réponds à un sentiment parisien en ajoutant que le public ' l'aurait vu, avec un regret, descendre de son fauteuil....