Extrait du journal

Quand je rentrai, pâle, défait, la chemise maculée de carmin, ma femme allaitait notre enfant. Elle a\ait les yeux rouges et la figure plus fatiguée encore que la mienne. Je l'embrassai en pleurant. Mon fils s'arrêta de tèter et souriant, me regarda du coin de l'œil si ma licieusement qu'il semblait tout deviner. Ma femme ne me voyant pas rentrer, avait couru à deux heures du matin, chez mon frère et toute la nuit, lui et ma belle-sœur l'avaient soignée en cherchant à la rassurer. Chacun de ses mots était navrant. Je sentais tout mon crime, mais je sentais aussi que je n'avais pas la force d'y renoncer. La passion m'avait envahi. Je n'aurai reculé devant rien pour la contenter. Je crois que tout homme passionnément amoureux pour rait également devenir sublime ou infâme, un héros ou un assassin. — Voilà ce qui m'est arrivé, dis-je à ma femme, quand j'eus com pris que j'allais continuer ma trahison :.— t- Je sortais avec Lionnet à minuit pour reporter des épreuves à l'imprimerie et faire compo ser un grand article sur une difficulté diplomatique survenue entre la France et l'Angleterre, quand une bande d'hommes ivres débou cha de la rue Montmartre, et nous entoura en hurlant: A bas les (1) Voir le numéro du 7 décembre....