Extrait du journal
Une gravité trop étudiée devient comique, disait La Bruyère- La dignité, c'est autre chose et avant tout l'observation de la mesure dans les règles de l'attitude et de la conduite. Pas d'excès dans la familiarité et la froideur, pas d'abdication dans la fermeté de caractère, pas de servilité, pas de crainte vaine. Une circonspection avisée, la ré serve dans les propos, la probité dans les moyens, la décence dans la tenue, le culte de l'honneur, le sacrifice à un idéal désintéressé, le silence dans la disgrâce, l'effacement dans la retraite complètent, au cours d'une carrière, les principes de vie à cultiver et la noblesse des sentiments à soutenir. Que l'on s'étonne aujourd'hui si, composée d'une si riche sève, la dignité s'écoule comme un sang de marque sous l'imprudence d'une saignée impré voyante et qui ne s'arrête pas 1 II n'est pas un élément de cette qualité d ame qui ne trouve, dans le milieu actuel, mille raisons à fléchissement pu dissolution.,Cela, prouie ou se fluidifie au gre des causes,en jeu : tantôt une mino creusee dans 1 om bre, tantôt des ferments corrupteurs distribues pur des mains ignorantes et qui ne savent pas ce qu elles font. L'excès règne, la violence sévit, 1 arbitraire commande et les végétations civilisatrices plantées dès le douzième siècle et sélectionnées par la main vigilante des femmes sont arrachées et dispersées au vent comme brindilles sèches et fétus de paille sans importance. Où découvrir encore le goût, l'honnêteté, les spi ritualités professionnelles ? Le monde politique ne nous donne l'exemple en rien. C'est un arbre dont les fruits, à peine formés, pourrissent sur branches. Dans la société même des défaillances se produi sent. Ne prenons la dignité que dans le sens de fi délité aux convictions- En dehors des souffles vivi fiants du vrai, aucune considération étrangère ne doit prévaloir et la solidité des croyances intimes ne se laissera pas ébranler. Le pouvoir peut trouver son intérêt à vous bousculer dans les secrets de votre conscience. La dignité vous interdit de vous incliner. La France, de tout temps, a épousé ces aspirations profondes de la race. « Dès 1614, nous apprend un philosophe de l'histoire, les Etats géné raux affirmaient hautement l'indépendance de la couronne vis-à-vis de tout pouvoir constitué sur la terre où qu'il siege et quel qu'il soit. > Aujourd'hui, la couronne a subi une éclipsé et l ombre est des cendue. Mais la dignité française, si elle a été en tamée par certaines déchirures, conserve intacte dans son ensemble la splendeur de son manteau. Il est juste de reconnaître que la vaillance des femmes a fait beaucoup pour la gloire de cette pré servation. Si les hommeg pratiquent surtout le cou rage des armes, les femmes possèdent à un degré plus vif le courase de la pensee. Que de fois ne s'indignent-elles pas contre l'indolence de leurs maris ! Dans le milieu contemporain, elles s'érigent en défenseurs suprêmes de la dignité. Celle-ci, en effet, consiste à résister à l'occasion et à dire « non » quand il faut. Si l'on se rappelle que Carlyle considère la faculté de dire « non »' comme le signe de la vraie supériorité mentale, on pourrait induire de cette pensée le privilège pour la femme de siéger à un degré très haut.' Dans les circons tances graves de la vie, plus d'une fois elle a re fusé de céder et cet acte d'indépendance virile, elle ne s'en targue pas avec éclat. S'étant contentée d'obéir à la vérité de son tempérament, elle* ne se glorifie pas de sa vaillance. L'Imitation nous ap prend que « la louange ne grandit pas l'homme ni le blâme ne le diminue — il est ce qu'il est». La femme fait sienne cette parole de haute sagesse. Un instinct supérieur la guide et la mène dans cette voie d'abnégation et de dignité qui lui est ouverte depuis des siècles. Fière de son passé, elle en dé fend la tradition, et c'est ce qui fait sa grandeur. dr Ch. Fiessinger....
À propos
En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.
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