Extrait du journal

^— Un nouveau livre d'Hugo, surtout un nouveau livre de vers — je ne cache pas ma préférence pour Hugo, poète — est un événement considérable, et je ne fatiguerai personne en racontant son histoire. A la fin de juin dernier, Victor Hugo arrivait à Bruxelles et y était rejoint presque aussitôt par M. Lacroix. Il ne fut point question tout d'abord d'affaires ; l'auteur des Misérables avait déjà parlé à son éditeur des Travailleurs de la Mer, roman en trois volumes, qu'il vient de terminer ; mais M. Lacroix était très désireux d'éditer des vers ; il savait que les Chansons des Rues et des Bois existaient : il proposa à Victor Hugo de les lui acheter, et un traité suivit leur accord qui livrait à MM. La croix, Verbœckhoven et Cc la propriété de cinq volumes d'Hugo, pour douze ans, contre la somme de 200,000 francs, soit 40,000 francs par volume. Ces conditions sont exactement celles du traité intervenu pour les volumes des Misérables. D'après le dernier traité, le volume de vers devait avoir vingt-deux feuilles d'impression et contenir quatre mille deux cents vers. 11 contiendra réellement vingt-sept feuilles d'im pression et cinq mille quatre cents vers, Victor Hugo ayant libéralement dépassé de douze cents vers les conditions primitives. Nous aurons donc douze cents vers d'Hugo pour rien, gra tis. Ce qui explique cette générosité inusitée du poète, c'est qu'au moment où il a traité avec M. Lacroix le volume n'était pas complet et qu'il l'a achevé pendant son dernier voyage annuel sur le Rhin. A ce sujet, je dois vous raconter que le...