Extrait du journal
D'UN VIEUX GRENIER « Je vous écris fort romantiquement d'un vieux grenier où j'ai fait monter une chaise longue et quelques fauteuils. Il y avait déjà une bonne table, une bibliothè que, des livres qu'on n'a pas ouverts depuis quatre-vingts ans, un Lamartine tavelé de taches de rousseur, les Lettres à Emilie, le Théâtre des anciens et un Shakespeare traduit par Letourneur. Vous voyez le genre. Je m'y trouve à ravir... Un plant de vigne se hausse vers la fenêtre sans l'atteindre. Je respire une odeur de bois, de vieux papier : les années laissent, dans le grenier, un parfum inimitable. Cette odeur-là me rend à ma jeunesse, à mes premières rêveries. Mais je rabâche des banalités et je vous vois sourire... » Sourire ? Non, je ne souris pas. J'avoue qu'en septembre, je regrette d'être né à Paris, de ne pas posséder, moi aussi, une « terre natale » et un grenier, d'être voué aux maisons neuves, aux hôtels dépous siérés, à des pèlerinages sans autres sou venirs que des étapes sentimentales et des émois artistes. On n'y retrouve jamais que ce qu'on y a apporté, et rien de tangible qui vous appartienne en propre. Après les dispersements de l'été, je conçois que le retour aux origines redonne soudain à quelques charmantes âmes (mais faibles...) le sens des réalités familiales, et leur rap pelle ce qui les a formées... Septembre, en août, ne leur apparaissait que comme une corvée — « Et puis nous irons chez tes parents !... » Il y avait alors la plage, le casino, les lumières, les relations nou velles, le golf; et « chez tes parents » cela voulait dire une vieille maison, la province, des thés austères, de longs repas, les jours plus courts. Mais cela désignait 'aussi, sans qu'on y pensât, un grenier, des livres, du temps devant soi pour lire et du temps derrière pour explorer une fois encore une jeunesse, épeler les premières rêveries, retrouver des vieilleries dans des armoires... Ne souriez pas à votre tour, pas plus que je n'ai souri en recevant ce billet. Il est des moments on il faut savoir accorder notre respect aux sentiments les plus éprouvés. Nous y voilà : septembre n'est pas un mois sceptique. ■ Guer niantes....
À propos
En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.
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