Extrait du journal

Les pêchers de M. Loubet. C'était à la Société nationale d'encou ragement à l'agriculture, que M. Loubet préside avec une autorité si bienveillante et si fine. On discutait avec passion.de la meilleure méthode qu'il convient d'employer pour replanter de bons arbres à fruits les campagnes de France. Sur bien des points, l'imprévoyance et la misère ont entraîné les paysans à couper leurs vieux arbres. Il faut en hâte recréer cette richesse nationale. D'aucuns souhaitaient qu'on semât en abondance, et partout, les espèces loca les, faciles à vivre, qui ne demandent qu'à pousser, qui n'exigent pas de soin, qui .donnent une provision abondante dé fruits de pays, bon marché, si néces saires aux ouvriers des campagnes et des villes. D'autres voulaient encourager la. production de ces beaux fruits que donnent des greffes savantes, fruits pré coces, énormes ou impeccables, indus triels si l'on peut dire, et qu'ils disaient parfaits. Et M. Loubet protesta doucement. Il prit la parole. Avec une bonhomie aiguisée, il donna raison aux deux adversaires^ Mais tout de même il fit connaître son avis. Dans ses champs, il a semé des pêchers du pays, de ces humbles qui se courbent sous le poids des petites pêches au par fum rude et capiteux. C'est qu'il les aime. Il s'en excusa presque. Elles ont la saveur saine de nos campagnes, -le...