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Le Figaro, 14 février 1934

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Le Figaro
14 février 1934


Extrait du journal

Dom Michel Caillava, qui fut trente ans mon Père spirituel, croyait que les cendres d'un fidèle défunt doivent tressaillir de joie dans l'attente du jour de la Résurrection où leur âme leur sera rendue. Je ne livre pas ce sujet de sombre mé ditation à tant de Jeunesses qui laisse ront imposer à leurs fronts sans rides ce nuage de poussière qui symbolise l'ar rêt de mort porté par Dieu contre l'homme. Vite dissipé, ce nuage de poussière... peut-être même par un geste presque involontaire de ceux ou de celles dont les cœurs, semblables à des moineaux voletants, pourront retrouver à la micarême ùn écho de ces vers, démodés mais charmants, du poète des Nuits : Cependant du plaisir la frileuse saison Sous ses grelots légers rit et voltige encore.... Il ,n'y a vraiment, pour retenir avec conscience, sur la partie la plus noble du visage, cette trace laissée par la main du prêtre, que les vieux routiers comme moi qui ont tant de fois reçu, jusque dans les yeux, une poudre si brûlante, soulevée par le vent de l'in fortune, qu'ils aspirent à la cendre froide. Il faut encore accorder un bon point aux enfants qui reviennent de la table sainte, les sourcils engrisaillés, mais l'air, ravi comme s'il s'agissait d'un jeu qu'il ne faut point secouer, la joue vermeille et qui n'évoque en rien la pâleur du Trappiste creusant sa tombe. Nous faisons enfin confiance à ces chrétiennes et chrétiens, jeunes ou non, qui savent bien que l'existence n'est point une plaisanterie lorsqu'on la passe à se dévouer à des parents pauvres ou infirmes, ou en des travaux ingrats, ou sur la scène d'un théâtre qui vous rémunère si chichement que l'on envie le sort du caniche de l'aveu gle. Ils savent bien, ceux-là qui n'eurent point part au carnaval, que la cendre a du bon, celle que distribue l'Eglise, et qu'elle leur tiendra lieu du paisible foyer, que tous n'ont pas connu> qui va s'éteignânt chaque jour, où les grahd'mères tisonnaient entré un chat blanc et un bol de tilleul, quand tombait la neige. La neige ils l'ont, aujourd'hui, dans les os. Alors qu'est-ce que ça fait, un peu plus tôt, un peu plus tard, qu'ils retournent à la poussière ?...

À propos

En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.

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