Extrait du journal
Les méthodes de publicité qui président aux entretiens diplomatiques tournent à la farce, à la grossière farce. Deux ministres se rencontrent ? Aussitôt le microphone et le film sonore enregistrent un» déclaration stéréotypée ; les caméras multiplient la poignée de main — avec le sourire, les yeux dans les yeux — des « illustres hommes d'Etat », une brochette de ministres béats apparaît au commandement — « Un peu plus en arrière, Messieurs, s'il vous plaît ! Là, c'est mieux !... » — sur les marches d'un perron officiel, des photographes disposés en tirail leurs fusillent de leur' déclic le bosqûet de banlieue où les négociateurs « se sont isolés loin des indiscrétions », une nuée d'attachés de cabinet, de cinéastes, de porteuses de fleurs se groupent sur les quais de gare, puis c'est le dernier adieu bon enfant du couple à la portière... et ça recommence plus loin, jusqu'à la prochaine. On assure que notre époque veut ça : Ce n'est pas sûr. Malgré l'abondance des bobards dont on sature le Français moyen, celui-ci s'aperçoit qu'après chaque affir mation en commun de solidarité internationale, d'union, de concorde, de collaboration fraternelle, les difficultés renaissent et se multiplient. Le retour du communiqué insipide : « M. X... et M. Y... ont conféré une heure au Quai d'Orsay ; ils ont envisagé les graves questions présentes dans un mutuel esprit de loyauté et d'apaise ment... », etc., etc... est crispant. Les officieux ajoutent : ; « Les points de. vue se rapprochent. » Or on s'aperçoit ; au bout d'un mois, ou deux, que les j>oints,de vue se sont I éloignés et qu'une autre conférence devient indispen sable. Ce ne sont pas les mêmes acteurs ? Mais c'est le mêtne vocabulaire, les mêmes attitudes, les mêmes sou rires qui s'arrêtent pile, les mêmes décors de palais ou de banlieue qui donnent l'illusion d'entretiens patriarcaux, d'accords faciles... Il y a beaucoup d'hypocrisie, de tromperie organisée comme un numéro de prestidigi tateurs dans cette vulgarité. Les nations ne révèrent plus; certains mythes, seulement l'habitude des topos à tout vent, le culte de l'image — dont la vérité est souvent si fausse — est en train de les dégrader et de les abrutir. Il aurait un grand succès de popularité et de bon sens le ministre qui, le premier, romprait avec ces moeurs. I! aurait un grand succès s'il proclamait aussi, une fois pour toutes, la vanité, le danger de manifestations qui suscitent des espérances suivies de désillusions toujours plus profondes et qui font finalement germer le courroux des hommes sur les débris des clichés à l'aide desquels on les abuse. Gaétan Sanvolsin. <...
À propos
En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.
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