Extrait du journal

INSTANTANÉ Alfred ATHIS Demandez à Tristan Bernard, un des deux triomphants auteurs du Costaud des Epinettes, ce qu'il pense de son collaborateur, il vous répondra, .la barbe éclairée — si j'ose dire — d'un sourire de quasi fraternelle affection : « Ah ! c'est un être exquis !... Et ce n'est pas assez dire !... » En effet, les amis d'Alfred Athis — qui sont quelques-uns— l'aiment sans réserves, non seulement parce que c'est un des rares hommes « sûrs » qu'on rencontre d^ins les rues — et sur les boulevards — de Paris, mais aussi parce qu'il allie, dans le plus étonnam ment dosé des mélanges, un esprit froid, clair et orné, à un cœur chaud, une ironie délicate à la plus fine sensibilité, et du goût à l'enthou siasme. Avec ce qu'il a d'esprit flegmatique et coupant, de malice piquante, quel mé chant il aurait pu faire... s'il n'avait été très bon !... Cet auteur dramatique si modeste qu'il n'arrivera à la célébrité que poussé, à coup de rudes éloges, par les épaules, a autant de qualités que de « qualité ». Si avec son col laborateur d'hier il a connu déjà le succès, il est le seul papa d'un Boute-en-train, qui à l'Athénée dépassa la centième et méritait son heureux sort ; de deux actes d'une étonnante verve comique, Grasse matinée et Vieille renommée, et d'un autre, de la plus rare et délicate subtilité, les Manigances....