PRÉCÉDENT

Le Figaro, 15 janvier 1881

SUIVANT

URL invalide

Le Figaro
15 janvier 1881


Extrait du journal

Échos de Paris LA POLITIQUE Les journaux républicains ont beau coup insisté sur ce point que les élections de dimanche se sont faites en dehors de toute pression administrative et de toute ingérence officieuse. Il est singulière ment difficile de vérifier si nulle part les autorités n'ont fait pencher le vote du côté du gouvernement; en tous cas il est des régions où les candidatures républi caines ont profité de manœuvres que n'ont pu ignorer les préfets. Ainsi on a distribué à profusion dans l'Ouest, un placard imprimé à Laval,"dédié à « mes amis les cultivateurs », et signé Père Gérard, qui ne paraît pas être un pro duit de l'initiative privée. On y lit entre autres choses : Une comparaison : Je suppose que, soidisant pour vous aider dans votre exploitation, on vous impose une espèce de conseiller-ré gisseur, allant siffloter le long des haies etne cherchant qu'A vous nuire, est-co que vous seriez disposé à lui donner des pourboires ? Non, n'est-ce pas ? Eh bien ! si vous fourriez dans le Conseil municipal des partisans d'Henri V, c'est-à-dire des chouans, qui fe raient du pire possible pour dénigrer le gou vernement et travailler contre lui, est-ce que vous croyez que le gouvernement donnerait des trente, des quarante et des cinquante mille francs aux communes qui auraient à leur tète ces particuliers-là? Non, ce serait trop bête. Et qui est-ce qui en souffrirait ? La commune. Dans l'intérêt général et dans l'intérêt par ticulier des communes on doit nommer les consèils municipaux dans le sens du gouver nement. Si nous étions sous le règne de Henri V, je ne vous engagerais pas à voter pour des conseillers républicains, attendu que ce serait peine perdue, mais vivant sous la République, ce serait une grande faute que de nommer des royalistesCette forme de pression est un peu naïve peut-être au point de vue urbain, mais elle a pu ; et dû porter coup sur le public auquel elle s'adressait. Ce n'est pas tout, et le Père Gérard a pris soin d'exciter les fermiers contre leurs pro priétaires. Je connais Votre embarras ;.vous dites : qui a maître a seigneur Tout d'abord je vous répondrai qu'il n'y aplus de seigneur et ensuite je vous dirai que votre carte électorale est votre propriété à vous, rien qu'à vous. Votre idée, votre opinion vous appartiennent et vous ne devez pas souffrir qu'on prenne et qu'on change votre bulletin de vote. Cela n'est pas dans les conditions de votre bail. Est-ce que vous voulez ressembler aux paysans vendéens de 93, qu'on faisait se battre contre leur pro pre cause, contre leurs propres intérêts, et qui finirent par périr misérablement. Je sais bien que les royalistes vous promet tent plus de beurre que de pain, mais je sais bien aussi que, s'il étaient les maîtres, ils supprimeraient tout de suite le beurre et en suite ils supprimeraient même le pain. C'est ainsi que de mensonge en men songe on arrivé à duper-les masses. Ajoutons que la prose du Père Gérard est imprimée sur papier blanc, ce qui lui donnait desairs tout à fait officiels, et que les paysans de la Mayenne ont pu croire que leur ami anonyme parlait au nom de Son Exc. Monsieur Gambetta. — F. M....

À propos

En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.

En savoir plus
Données de classification
  • jach
  • judic
  • moreau
  • baretta
  • henri v
  • de barancy
  • dugué
  • granet
  • chéramy
  • evelyn
  • paris
  • parmain
  • paul
  • france
  • luxembourg
  • alger
  • ardore
  • isle
  • hauterive
  • cher
  • drouot
  • adam
  • raconter la vie
  • sa revue
  • figaro
  • f. m.
  • la république
  • parti radical
  • henner
  • les jésuites