Extrait du journal

Agitation briandiste L'opposition s'agite. Et: M. Briand la mène. II se plaint aux journalistes qui je visitent d'être un vieil homme malade, injustement attaqué ; puis il mande au Quai d'Orsay les chefs cartellistes. Ils y courent. On dirait qu'un quatorzième ministère Briand est en formation. Lui, cependant, enrage de n'avoir pas pris à temps son bâton de pèlerin, quand le repos ne lui était pas impérieusement im posé par la Faculté. M. Pierre Laval, en vain, multiplie les offres consolatrices, se répand en démonstrations affec tueuses et truffe de mots doux les communiqués. M. Briand ne veut pas laisser son ex-président du Conseil panser la blessure qu'il lui a faite en ren flouant sans lui son cabinet. M. Briand ne veut rien être, ni ministre d'Etat, ni délégué perma nent. « Briand suis. » Cependant, il fait attendre sa réponse, il tergiverse, il consulte, il réclame un moratoire. De mémoire locarnienne, on ne se rap pelle pas l'avoir vu résister si longtemps. Les deux chefs de notre diplomatie, l'entrant et le sortant, devaient se rencontrer le matin. Ils ne se virent que le soir et s'entretinrent, pendant une bonne heure. Au retour du Quai d'Orsay, M. Laval donna aux journalistes ce communique ; Le président du Conseil a eu cet après-midi, avec M. Aristide Briand, une longue conversation empreinte du même esprit amical et confiant qui animait les pré cédents'entretiens. M. Pierre Laval et M. Aristide Briand ont envisagé d'abord les questions de politique extérieure présente ment posées devant l'opinion française et mondiale. Ils ont tout spécialement considéré le rôle de la France à la Société des Nations. M. Pierre Laval a vivement insisté, comme il n'avait cessé de le faire, sur l'intérêt qui s'attache pour notre pays et pour la causes de la paix, à la collaboration précieuse de M. Briand. Une fois de plus M. Briand a marqué dans sa réponse combien il était sensible aux vives instances de M. Pierre Laval. Il a déclaré d'ailleurs qu'il faisait étudier par ses collaborateurs juridiques et diplomatiques la forme dans laquelle sa collaboration pourrait être éventuellement envisagée. Qu'est-ce que celte collaboration en vue de la quelle M. Briand va réunir encore une conférence d'experts ? Dans les milieux politiques, on disait : simplement le poste de délégué permanent de la France à la S. D. N. ... Et la transmission des pouvoirs de M. Briand à M. Laval ? La date n'en est pas encore prévue ni annoncée. A LA CHAMBRE En l'attendant, les briandistes travaillent dans les couloirs. Le matin, les radicaux ont fait voter à la Chambre une adresse de confiance pareille à celle qu'a rédigée la gauche du Sénat. Les ultra, rapjfès-midi, ont annoncé que M. Briand, miracu leusement guéri, serait à son banc-dé député mardi. Et quelles ovations ! Quelle ardeur pacifiste et cartelliste ! « On se croira à Gourdon », disait un des organisateurs... Mais plus d'un radical même de mandait si ce jour-là l'Homme de Locarno serait en état de subir un tel genre de fatigue, alors que les conseils des ministres, les réunions diplomati ques, le conseil supérieur de la défense lui sont interdits ! Qu'il vierjjie ou non, 011 parlera à la tribune du démissionnaire malgré lui... Les socialistes, en effet, ont chargé M. L.-O. Frossard d'interpeller « sur la composition du cabinet et sur 3a politique générale du gouvernement », M. Léon Bhim d'in terpeller. sur la politique extérieure. M. Pierre Cot, radical-socialiste, interpellera sur ce même sujet....