Extrait du journal

le président du Conseil demande, sans grande illusion, aux partisans politiques d'imiter, dans leurs rapports entre eux, sa souriante bienveillance. M. Doumergue n'avait pas parlé de la justice en son dernier discours. Ce silence était trop éloquent. Bravement, cette fois, il aborde le sujet. Il sait ce qu'est cette justice, il sait ce qu'elle devrait être, il expose les moyens renforcés auxquels le gouvernement a recours « pour aboutir à la découverte du crime de Dijon » (car c'est un crime, a déjà dit le président du Conseil dans un précédent discours). « La justice fait ce qu'elle peut », avouerait-il volontiers... mais elle n'a rien trouvé encore. Les projets financiers de M. Doumergue sont connus : la réforme fiscale n'ira pas sans répression de la fraude ; l'épargne sera protégée ; tout sera tenté pour atté nuer la crise agricole. Ce qu'il faut le plus louer dans cet ex posé, c'est le ton de belle fermeté du pré sident du Conseil envisageant la politique extérieure. U en appelle aux « grands té moins » qui reposent dans les immenses ci metières de nos départements du Nord, et proclame avec autant d'émotion que de calme netteté notre profonde volonté de paix. Elle est attestée par nos réductions d'effectifs, tandis que notre impérieux be soin de sécurité se justifie par l'augmenta tion, ouverte ou dissimulée, des armements d'autrui. M. Doumergue, en terminant son appel, ne se plaint pas de l'ingrate besogne qui est la sienne. U souhaite que ses successeurs recueillent les fruits de sa peine. Il réclame du pays une confiance que la nation ne lui marchande d'ailleurs pas plus que sa gra titude. Ce qui doit atténuer la mélancolie de cet homme qui ne travaille, en vérité, que pour elle, c'est que les vœux des pa triotes vont à lui seul et qu'on a foi en lui. Il a instauré la dictature du dévouement....