Extrait du journal
Nos théâtres lyriques traversent une crise dont on a tenté, sans grand succès, de pé nétrer les causes. Diverses enquêtes, ouvertes dans la presse; provoquèrent l'avis de person nages compétents. On lut ces réponses avec intérêt, encore qu'elles fussent souvent contra dictoires mais toujours concluantes. En somme, on nous a dit : « Voilà pourquoi votre fille est muette », sans nous indiquer le moyen de lui rendre la parole. On a parlé de la nécessité d'éduquer les mas ses, de les préparer à entendre de la musi que. Tâche excellente, mais ardue et de lon gue haleine. Les disques, en outre, et la T. S. F. sont venus aggraver la situation. Dans bien des familles a disparu le piano, cet instrument irresponsable, si cruel pour les voisins de pa lier, et d'où tant de jeunes filles laissèrent couler la Pluie de perles. Mais, fort heureusement pour les scènes lyriques, leur clientèle n'est pas uniquement composée de connaisseurs... A la vérité, les réponses aux enquêtes de la presse auraient dû être formulées non par des spécialistes, mais par des Français « moyens ». Par eux, on eût vite appris d'où vient le mal : le théâtre est trop chef. Il importe, c'est certain, de mieux préparer l'oreille du spectateur, mais on ferait bien aussi de lui garnir le porte-monnaie, sans quoi, il pourrait s'écrier, comme tel person nage du bonhomme La Fontaine : « Lorsque je suis à jeun,-tu me viens parler de musi que ! » ' On objecte que le prix des places n'a aug menté que proportionnellement à la dévalorisa tion du franc. Acceptons cette affirmation ; un fauteuil de six francs, en 1914, en coûte donc trente. Mais où prend-on que les ressources du Français « moyen » se sont accrues selon le coefficient 5 ? On ne voit guère dans ce cas que les parlementaires, la plupart des fonction naires et les travailleurs manuels. Les autres — la majorité — se privent, par force, de toute dépense somptuaire, et la re cette des théâtres est aussitôt atteinte. Les dissertations auxquelles on s'est livré sur le goût de la génération actuelle pour tel ou tel genre de musique ne remédieront donc ! en rien à la détresse d'Euterpe. *...
À propos
En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.
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