Extrait du journal

comprend pas mon regard. Alors, au milieu de la foule qui les accompagne et tire des pétards, image de la guerre dans'une ville de villégiature, je rencon tre deux petites amies, deux Américai nés, que j'ai retrouvées ici. Elles ont un appareil photographique et s'amusent beaucoup.. Je les prie vite alors de me faire, pour moi, un portrait du petit blond, si gentil, celui qui ressemble tant au frère perdu, malgré qu'il soit beau coup plus petit. ^ ■ Elles ne savent rien de ce qui agite mon cœur, mais, voyant le sérieux de mon visage, elles ont vite fait de prendre, elles aussi, un petit air sérieux et re cueilli. Le petit blond pose avec un beau visage. Je lui donne une grosse pièce de cinq francs. Il saute rejoindre alors les autres en wagon, car on l'appelle et il s'est attardé à poser. — Et le train part au milieu des hourras ! des pétards et de ces chansons espagnoles qui ont en même temps le rythme gai et plaintif des chansons arabes !... Aujourd'hui, ce matin, j'ai vite été frapper à la maison qu'habitent mes deux petites Américaines. Elles y sont, viennent, et je leur demande des nou velles des plaques qu'elles ont tirées hier au départ des petits soldats;.et surtout de la plaque qu'elles ont faite pour moi d'après le petit blond qui avait l'air si gai. «Mais, me disent-elles .tout de suite,nous sommes bien ennuyées : nous avons développé nos plaques hier soir et... est-ce une plaque qui était mauvaise, est-ce plutôt un nuage qui passa au moment où nous avons tiré votre , petit soldat? mais toutes nos plaques sont très bien... il n'y a que votre petit blond qui n'ëst pas venu...» ' J.-F. Raffaelli....