Extrait du journal

Au-dèssôué d'tih cliché représentant S. M. Carnaval, le Populaire publiait avant-hier ces lignes i« Le Carnaval de Nice, aux préparatifs duquel on commence à se livrer, sera, assure-t-on, particulièrement brillant cette année. L'époque est vraiment bien choisie pour organiser avec plus d'éclat que de coutume les ri tuelles réjouissances de la côte dorée. On ne saurait mieux insulter à la misère du travail. Mais les viveurs, les mon dains et la gent féminine qui hante la plage et les casinos n'ont cure de la souffrance d'autrui. » La stupidité des colères socialistes égale leur haine, et nous en trouvons là un exemple frappant. On sait que, chaque année, pendant une période d'une durée appréciable, le Carnaval de Nice assure le gagne-pain, escompté, d'environ trente mille travailleurs de toutes catégories. Est-ce pour retirer à ces gens leurs moyens de vivre que le Populaire mène cette campagne sotte et dont la sincérité mérite d'être fortement mise en doute ? Pour les éclairages des réjouissances, ne faudra-t-il pas des électriciens, des monteurs, des ouvriers de multiples sortes ? Pour la préparation des chars, des peintres, des carrossiers, des menuisiers ne seront-ils pas nécessaires ? Les chauffeurs de taxis, le nombreux personnel des hôtels, les garçons de café, les ouvrières dont lés mains indus trieuses impriment aux pantins, aux fétiches, aux mas cottes des formes extravagantes et séductrices, se déclare raient-ils satisfaits si, sous prétexte de ne pas « insulter à la misère », on l'accroissait en décrétant la leur ? Quelle barbarie, en une telle conception ! Mais c'est de déma gogie surtout qu'il s'agit. Il faut donner aux « masses » des motifs d'envie, de jalousie grossière. « Elles n'y re garderont pas de si près ! Des bourgeois qui se gobergent, voilà l'image qu'il nous faut ! » Et l'on ne se préoccupe pas de savoir si, parmi ces « bourgeois » eux-mêmes, ne figurent pas de braves ouvriers joyeux de s'esbaudir. Le socialisme considère toujours le capitalisme comme un état de fait définitivement acquis, immobile, non comme un phénomène d'activité humaine en perpétuel mouvement, en constant renouvellement de ses sources et de ses possibilités, et dont la fragilité est faite de sa puissance tentatrice. Cette philosophie de primate permet des vocabulaires i à succès. G. S....