Extrait du journal

A la fin d'une journée de l'automne de 1802, sur la, terrasse du château de Nonières en Bourgogne, l'ancienne comédienne Irène Darney était assise à l'ombre d'une avenue d'ormes dont la brise du soir agitait les feuillages vénérables. De cette place d'où elle dominait une vallée pittoresque et boisée, sillonnée de cours d'eaux, dont le murmure arrivait jusqu'à elle, elle contemplait mélancoliquement l'imposant paysage qui se déroulait a ses pieds. A l'approche de la nuit, il resplendissait dans la lumière expirante, comme s'il eût voulu, avant de s'endormir, faire admirer tous les joyaux de son écrin et ne se fût résigné a sedépouillerde son opulente parure que lorsqu'il ne pourrait plus briller contre l'ombre qui allait l'envahir. Encore à ce moment, le soleil, quoiqu'à son déclin, venait en aide à sa résistance. Il descendait peu à peu derrière les crêtes des collines lointaines. Mais, lent à disparaître, il incendiait le ciel de longs sillages de pourpre et d'or et, sous ses derniers feux, les détails du paysage s'accusaient avec plus d'éclat qu'aux autres heures du jour....