Extrait du journal

Le blanchissage de linge d'Avignon a splendidement étalé les divisions du Parti socialiste. Côté Blum : lutte de classe et révolution. Côté Renaudel : collaboration, réélection, soutien; C'est une scission de fond, sinon de fait encore. Les deux fractions sont, pour l'instant, dans la situation d'époux officiellement réconciliés par le juge : ils se détestent un peu plus qu'auparavant et attendent une avantageuse occasion de rupture définitive. Cette discorde en soi n'est pas pour nous déplaire. Elle affaiblit le parti. L'indisci pline triomphe en S. F. I. O. Mais quelle conséquence politique faut-il immédiate ment en attendre ? Le cartel continue. Tel est le fait déplo rable. Il continuera tant que la majorité du groupe socialiste parlementaire (actuelle ment, environ 90 voix sur 128) jugera de son intérêt de garder l'attitude qui a pro voqué l'appel au Congrès. Ce groupe est à droite du Parti marxiste. Mais il y a façon d'être à droite. Le groupe du soutien, dans ,1e projet de résolution repoussé à Avignon et qui formera au Palais Bourbon sa charte, dénonce formellement l'infamie du « capitalisme ». Il déclare la guerre à la réaction, c'est-à-dire à tout effort de con servation du régime économique actuel. Et naturellement guerre « sans rémission » à toute tentative de Concentration ou d'Union Nationale. Voilà les desseins du groupe d'appui ministériel. Les radxaux, ils le sa vent, poursuivront, auprès de lui, leur rôle de parti servant. Avignon cependant devait fixer, sur son avenir, le Cabinet Daladier. Celui-ci garde...