Extrait du journal

.d'après vos précédentes largesses, soigneuse ment notées. ■ Il s'éloigne, saluant et remerciant, et vous laisse rêveur devant le morceau de carton offert et accepté. Cet homme qui s'en va est le premier par lequel vous ayez été incité à récapituler l'an née écoulée, à vous demander quel en est le bilan matériel et sentimental. Douze colon nes nouvelles, remplaçant les douze colonnes épuisées, vont, à leur tour, égrener les jours. «'Encore une d'écossée », comme disait un de mes camarades de régiment... C'est le moment de séparer le bon grain du mauvais et de faire la balance. Et c'est le moment aussi d'interroger ld nouveau calen drier, comme on interroge les lignes de la main. ' Quand le facteur arrive à l'heure où la nuit, tombe, entre chien et loup, jevous assure,que cet examen du passé et de l'avenir, cette mé ditation sur le temps qui vient et sur le temps qui s'en va a quelque chose de mélancolique et d'infiniment doux tout de même... Le facteur des lettres est privilégié : à lui le premier bouillon ! Mais vous n'en êtes pas quittes envers les services postaux pour cela! Après le facteur des lettres, passera le fac teur des imprimés, aussi empressé que l'au tre, mais d'un gradé inférieur. • Ensuite, c'est le tour des petits télégra phistes. Ils sont généralement deux et vous font cadeau d'une petite brochure administra tive tellement utile... qu'on a tût fait de l'éga rer; Ces jeunes gens n'ont.déjà plus que des miettes à récolter. On a envie de leur dire.— et l'on est injuste j « J'ai donné à votre père avant-hier et à votre frère hier. » Ce n'est pas tout. Voici venir le porteur de journaux, le porteur de telle ou telle revue... enfin, le.distributeur de colis postaux. Encore se peut-il que'j'en omette. Quand le dernier se présente, on déclare qu'ils sont réellement trop... et l'on n'a plus le sourire avec lequel fut accueilli le facteur qui ouvrait la marche. ! Encore une fois l'on a'tort, et ces modestes agents, ces humbles employés, méritent tous également l'obole qu'ils sollicitent. On ne peut que leur reprocher de venir les derniers..., mais s'ils venaient plus tôt, on dirait qu'ils sont prématurés et on les inviterait à repas ser. Tout le mondé ne peut pas être facteur des lettres ! A eux le pompon, soit ! Mais ne fermons pas pour cela notre porte et notre main aux gagne-deniers chargés de mêler à la manne'substantielle du courrier quotidien, des aliments non méprisables, encore qu'ils ne soient pas toujours de première nécessité. i > i- Jean Guêtré....