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Le Figaro, 19 juillet 1879

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Le Figaro
19 juillet 1879


Extrait du journal

Paris, 18 juillet. La lutte est engagée ; tandis que le Parle ment chôme, les commissions travaillent. Un grand nombre d'entre elles se sont réunies au Palais-Bourbon : commission des tarifs, com mission du budget, etc., etc. N'oublions pas la commission du divorce, qui s'est mise à l'œuvre sérieusement. Elle a commencé à serrer la question de près, et elle a examiné les cas où le divorce pourra être demandé. On a admis pour cause de divorce le dissen timent religieux; on l'a admis en-principe dans les mariages'mixtes. Le divorce pour cas de folie a été repoussé définitivement. Mais l'épilepsie ne sera consi dérée que comme injure grave. Dans un local voisin, la 110 commission d'initiative a pris en considération la proposi tion de M. Saint-Martin (Vaucluse), relative au mariage des anciens prêtres et au mariage entre beaux-frères et belles-sœurs. M. Saint-Martin a défendu lui-même son projet, et M. Casimir Périer a été nommé rapporteur. Mais tout cela n'est qué broutilles ; du quai d'Orsay, transportons-nous au Luxembourg, où le-Sénat a déjà élu domicile, dans la per sonne de sa commission, chargée .d'examiner ces fameuses lois Ferry. Avant la séance, on ne parle que des dissen timents existant entre M. le président de la Chambre des députés et M. Jules Simon, Il est bien certain qu'il y a dans tout ce que l'on dit un peu de vrai, mais on va peut-être trop loin, en affirmant que c'est une lutte à ou trance. La vérité sérieuse est que M. Jules Simon a envie de revenir au pouvoir ; il est contrarié d'être laissé de côté, et il tâche, par tous les moyens possibles, de regagner la faveur du peu ple. Y arrivera-t-il, en agissant comme il le fait, et en se déclarant à peu près ouverte ment l'ennemi de M. Gambetta ? C'est ce que l'avenir seul pourra nous prouver. Toujours est-il, qu'aujourd'hui, M. Jules Simon a l'air de tenir la corde. On a pu le constater dès qu'il a paru dans la salle où la commission se trouvait réunie pour nommer un président et un secrétaire. Deux tours de scrutin ont été nécessaires. Au second.tour, M. Jules Simon a été élu prési dent par 5 voix contre 4 données à M. Schœlcher. Ce dernier était partisan absolu du pro jet. Or, M. Jules Simon ne veut pas entendre parler de l'article 7. « J'accepte, dit-il, toutes les vues de M. » Jules Ferry sur l'enseignement supérieur en » dehors de son fameux article 7, et je compte ï bien trouver dans le Sénat une majorité pen» sant comme moi. Je hâterai autant que pos> sible les travaux de la commission, et tout » me fait supposer que la discussion viendra > avant la fin de la session. » M. Fouchcr de Careil, qui avait jusqu'à ce jour rempli les fonctions de secrétaire, a été maintenu dans cet emploi. Une simple remarque : M. Jules Simon a voté pour lui à son tour, et c'est ce qui ex plique son élection. La commission a tenu immédiatement une séance qui a duré deux heures et dans laquelle rien n'a été décidé. Puis on s'est séparé, et l'on a pu voir MM. Jules Simon et Buffet traverser ensemble, bras dessus bras dessous la vaste cour du palais. Et qui est bien ennuyé de tout cela, c'est M. Jules Ferry, dont la physionomie rappelle à tous ceux qui l'observent le Jeune Malade, de Millevoye : De la dépouille de sa loi Le Sénat a jonché la terre ; Jules Simon est sans mystère Et Paul Bert n'est pas sans effroi. Ployant sur ses genoux débiles, Jules Ferry, d'un air" chanceux, Promène ses dix doigts fébriles Dans ses longs favoris graisseux. ' *** f En touchant le port, je sucçofiibe, L'article sept était voté. Candide comme la coloïnbe, Je tenais la majorité. Ainsi qu'un moissonneur qui fauche. J'avais sous mon pied ennemi Foulé les gens du centre gauche : Bardoux, Renault, Ribot, Lamy ; Et crac, voilà que le vent change. Poursuivi par mon mauvais ange (Il fallait qu'il me déchaînât) Je suis perdu dans la tempête Et je vois planer sur ma tête Toutes les dagues du Sénat. Loin de songer à ces débines Je me pourléchais les babines, J'allais terrasser le démon. Je voyais déjà le jésuite Le mariste et l'oblat en fuite Mais je ne voyais pas Simon ; Il est là, je le sens tout proche Là, — sans la moindre des pitiés, Je le vois fouillant dans ma pocha Et me tirant pàr les deux pieds- ,...

À propos

En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.

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