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Le Figaro, 21 novembre 1920

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Le Figaro
21 novembre 1920


Extrait du journal

Rosie Marley, depuis bientôt trente' ans, régnait au théâtre par la grâce de son talent et de sa beauté. Un engouement instinctif l'avait portée au premier plan dès ses débuts et, depuis lors, chacune de ses créations n'avait fait ̃qu'affermir davantage sa royauté. Elle ne personnifiait point les héroïnes dramatiques dont les cris d'amour et les sanglots déchirent âprement le cœur des foules. Elle triomphait en des rôles plus 'modernes et plus aimables. Elle n'existait que pour le charme unique de son sourire. Mais ce sourire était une force. Ce sourire, avant même qu'elle parlât, lui conquérait le public idolâtre. Ce sourire; était célèbre dans le monde entier. Des poètes l'avaient chanté, des artistes s'étaient efforcés de le transposer par le crayon ou le pinceau. Et pour ce sourire, dit-on, des hommes s'étaient tués. 11 semblait la fleur exquise et délicate, la quintessence de cette tige parfaite. Rosie, plutôt petite, paraissait grande tant la minceur ondulante et la souplesse de son buste faisaient illusion. Les gestes blancs de ses bras évoquaient la, co.urbe,molle des canéphoresan tiques. Et, sur- le; ;côu long et --flexible; s'érl geait une tête à :1a Watteau, coiffée de, longs cheveux de flamme, illuminée par la splendeur luisante des prunelles. D'être belle Rosie ne tirait qu'un médiocre orgueil. Le désir des amants ne troublait pas le rythme égal de ses jours. On ne lui avait jamais connu d'attachement prolongé. Elle ne vivait que pour son art ,et pour un amour secret, louable entre tous, celui d'un fils. Ce fils, élevé d'abord en cachette, avait pris peu à peu la meilleure part de sa tendresse. A mesure' qu'il grandissait, elle éprouvait pour Robert une affection plus exclusive et plus jalouse. Elle reportait sur lui ses réserves de passion inemployées. Et maintenant que le jeune homme vivait à Paris, non loin d'elle, Rosie se prenait à l'aimer à la façon ridicule.et charmante d'une maîtresse....

À propos

En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.

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