Extrait du journal
* La Fabienne de M. Henry Meilhac est une jeune fille simple, ingénue; son âme, comme les volcans sans issue, a des ex plosions souterraines. L'amour n'apporte à son cœur, vierge _comme sa pensée, qu'un trouble profond et violent dont il se sent oppressé et opprimé. L'homme qu'elle aime, sans le sa-, voir, sans le vouloir, et, au contraire, avëcftbùtes les appareil - ^ ces extérieures de la haine, c'est l'amant "(lésa mère. Cette haine, s'accusant par des larmes, par des caprices, par des' pa roles outrageantes, est née le même jour que la passion dans ce cœur tout neuf, violente comme elle, s'abusant comme lui. Fabienne aime, elle est jalouse, avec toutes les ignorances de son âme pure et chaste. La rivalité' de la mère et de la fille est, au théâtre, une 'mine souvent fouillée et qui semble inépuisable. C'est l'exploitation, bien mieux que la découverte, qui peut ici enrichir l'auteur dramatique. Comment s'y est pris M. Meilhac pour donner son coup de pioche et trouver, où d'autres ont fouillé avant lui, un gisement de quelque valeur? Le jeune mineur du Gymnase n'a pas poussé les choses au noir et au mélodrame. Ses deux héroïnes sont d'honnêtes femmes placées dans une situation de cœur difficile. Les qua rante ans de la comtesse Aurélie, loin de tyranniser les dix-sept ans de Fabienne, ne s'en méfient peut-être pas assez. La beauté de la mère est aux grâces de la fille ce qu'un savoureux fruit mûr est à un fruit vert. A l'exception d'une Mme de Tremblay, trop empressée de jeter à la tête d'un gendre une femme et line dot, et touchée d'un trait caricatural excessif, les personnages de la pièce sont de fort honnêtes gens. Le prince Henri lui-même, le jeune coq de ces deux poules mère et fille, ne semble point ridicule dans ses premières préféren ces, et il n'y aurait rien à redire à la subite conversion qui va le jeter aux pieds de Fernande, si elle avait été préparée par •une scène, par un mot, avant qu'elle ne devînt pour l'auteur un moyen de se tirer d'affaire et de marcher vers son dénoûment. Faible d'invention, la pièce de M. Henry Meilhac se sauve par d'agréables développements. Le deuxième acte est conduit avec habileté. Je citerai trois scènes dans lesquelles les carac tères sont bien posés : la scène entre la comtesse et le prince, qui est une partie jouée serré par la diplomatie de la femme au profit du bonheur de l'amante ; la scène de l'interrogatoire • de Fabienne par sa grand'mère la comtesse de Kernoa ; et en fin la scène plus scabreuse de l'aveu que la douairière fait au futur époux de sa fille de l'amour de sa petite-fille. Au troisième acte, la comtesse immole son bonheur à celui de Fabienne. Acceptant la douloureuse nécessité d'oublier et de savoir vieillir, des deux moitiés de-son cœur elle fait un tout où s'alluméra seule désormais la flamme de la tendresse maternèlle. Il fallait prévoir le dénoûment inévitable dont se ressent beaucoup cette troisième partie de l'ouvrage. M, Henry Meilhac a donné au mêpie théâtre deux petits ac tes, deux bijoux I L'Autographe et les Curieuses. L'art de faire tenir une action dramatique dans le cadre où s'enferme un...
À propos
En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.
En savoir plus Données de classification - meilhac
- berton
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