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Le Figaro, 17 septembre 1865

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Le Figaro
17 septembre 1865


Extrait du journal

Je crois avoir trouvé pour les Parisiens un moyen excellent de ne pas souffrir de la chaleur : ce moyen consiste à revenir de Périgueux. Les derniers jours démon séjour dans la patrie de Fénelon ont été arrosés par un soleil tellement abyssinien, que j'ai été tout surpris de grelotter en arrivant à Paris où la sueur coulait sur tous les fronts. Dans le premier théâtre où je suis entré pour reprendre langue, j'ai rencontré une ou vreuse qui m'a offert un éventail. Je l'ai comblée d'étonnement en lui demandant une chaufferette. La stupéfaction de cette manieuse de petits bancs eût été moins profonde si elle avait su que là-bas, quand le thermomètre ne marquait que trente-sept degrés à l'ombre, les habitants se disaient entre eux : — Le temps s'est bien rafraîchi ce matin. Mais elle l'ignorait probablement. On a beau être ouvreuse on ne peut pas tout savoir ; quant à moi je me croyais par mo ments transporté dans les pampas del'Amérique et je m'écriais dans pion délire : . On me trompe en me laissant croire que je suis homme de lettres ; ce n'est pas possible, je suis tout bonnement un planteur ; allons inspecter mes cannes à sucre. , J'ai poussé jusqu'à Bergerac'à la recherche d'un bain froid. Il m'a été facile de mettre la main sur la Dordogne qui passe au milieu delà ville, mais on ne s'imagine pas la force de vo lonté qu'il m'a fallu déployer pour me procurer un caleçon. Ce cache-folies qui, de même que la mise décente dans les bals publics est de/rigueur sur nos rives, paraît à Bergerac une affectation tout à fait ridicule d'aristocratie. Depuis l'abolition des privilèges et la chute de la féodalité, le caleçon est très mal vu de la bourgeoisie. Les bonnetiers à qui je m'adressais se contentaient pour la plupart de me lancer un coup d'œil qui semblait dire comme dans le Supplice d'une femme : Quel homme êtes-vous donc?...

À propos

En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.

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Données de classification
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