Extrait du journal
Je déclare que je m'inclinerai avec une absolue docilité devant l'arrêt des trois! Chambres réunies, comme je»me serais incliné.devant celui de.la seule Chambre criminelle. Je crois fermement .qu'un grand nombre de bons citoyens sont dans les mêmes dispositions ; je suis convaincu, notamment, que pas un des signataires de l'Appel à l'Union ne songe rait à protester contre la sentence ainsi rendue. Jamais je ne ferai aux honora bles membres de la Chambre civile ou de la Chambre des requêtes l'affreuse injure, non fias même de dire, mais de penser en moi-même que leur conscience d'intègres magistrats puisse vouloir que le dernier mot, dans cette tragique affaire, ne reste pas à la vérité et à la justice. Seulement, est-il bien sûr que nous serons imités par tout le monde ? • Or, je défie qu'on explique l'acharne ment de la campagne menée avec un si répugnant mélange de perfidie et de vio lence-contre la Chambre criminelle, par une considération autre que la secrète .espérance de trouver dans les deux Chambres dont on réclamait l'adjonction précisément les mêmes dispositions con tre la revision qu'on reprochait à la ma jorité de la Chambre criminelle d'avoir eues en faveur de cette même révision. Imaginez-vous, par hasard, que les force nés capables d'avoir entrepris une pareille campagne se tiendront tranquilles, si l'injurieuse espérance qu'ils ont fondée sur la partialité des deux Chambres ve nait à être déçue, et si l'arrêt, d'aventure, était autre que celui qu'ils réclament? Allons donc! S'incliner, céder, renon cer à la lutte féroce ? Jamais ! .Songez donc qu'ils ont avec eux M. Quesnay de Beaurepaire. Et M. de Beaurepaire est un homme précieux... Il n'a pas tout dit, tout « sorti », ce juste! Pour la circons tance, n'en doutez pas, il dira, il « sor tira» quelque chose encore. Ses poches sont pleines, vous dis-je ! Ne nous promet-il pas pour bientôt quelques « révélations » supplémentaires sur le Panama? Attention charmante! La cuisine politique qu'on nous sert de puis quelques mois apparemment était fade. Le besoin de la relever d'un grain ou deux de Panama se faisait générale ment sentir. Béni soit le bon citoyen qui consacre ses veillés studieuses à nous préparer ce ragoût—encore qu'il y ait quelque chose d'un peu inattendu dans le fait q.ue c'est un ancien. président de Chambre à la Cour de cassation qui se dispose à nous le servir .'Loué soit le magistrat qui vient de forger l'arme empoisonnée avec la quelle on .essaye déjà de frapper notre nouveau Président, plus lâchement que Caserio n'avait frappé l'autre ! M. Ques nay de Beaurepaire et ses imprésarios veillent sur l'arrêt de la Cour, Chambres. réunies ou non... Ah ! le bel apaisement que nous aurons ! : Dans ces conditions, le Sénat peut très raisonnablement penser qu'une loi de circonstance aussi grave, aussi inquié tante que celle-là est sans excuse si elle n'apporte pas au moins, pour racheter son vice originel, la sûre garantie des avantages'qu'elle prétend procurer. Or, attendre de la résignation des partis aux prises l'apaisement, espérer que ces fous furieux désarmeront devant une sen tence, fût-elle prononcée par la totalité des membres de notre plus haut Tri bunal, c'est, je le crains bien, une chimère. Il n'y a qu'une seule force au monde capable de prévaloir contre la frénésie dont notre peuple—notre peuple si sensé, autrefois ! — est atteint. C'est la force de l'auguste et irrésistible Vérité. La pacifi catrice unique, la voilà ! Dessaisissez ou ne dessaisissez pas, au fond, peu im porte: Mais donnez-nous, ô législateurs, la vérité ; donnez-la-nous dans sa splen deur — cette splendeur dût-elle être terri ble. Donnez-la-nous tout entière, afin que nous puissions boire à longs traits son vin réconfortant. Si nous agonisons, c'est d'en être privés. George Duruy....
À propos
En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.
En savoir plus Données de classification - loubet
- félix faure
- julien goujon
- paul deschanel
- dupuy
- lockroy
- krantz
- delcassé
- guillain
- alfred capus
- france
- paris
- cham
- panama
- dax
- viger
- japon
- vienne
- nice
- ely
- la république
- sénat
- parlement
- s. a.
- drouot
- union postale
- institut catholique
- ligue de la patrie française
- chambre
- cour de cassation