Extrait du journal

Les champs eux aussi s'étendaient mutilés, meurtris, couverts des immondes vestiges des meurtres et des incendies. L'air était saturé par l'odeur des cadavres en décomposition et des pierres calcinées. La mort hurlait sur ces cadavres et ces ruines son chant triomphal. Et à l'est, on voyait encore les masses noires de fumées couronnées des sanglantes lueurs des incendies. C'étaient des villages, c'étaient des villes, c'étaient des propriétés qui brûlaient, et le vent apportait le hurlement sourd, monotone et sauvage des canons déchaînés. Sur la route large qui serpentait à travers les champs couverts de brume, comme une rivière fangeuse et noire, des foules se sauvaient éperdues. Des chariots passaient chargés d'enfants et de mobilier des vaches tirées par une cordé5 beuglàient, et des chiens perdus aboyaient. Ils accouraient des champs, des ruine'k; des forêts, en procession interminable, et se sauvaient droit devant eux, le plus loin possible. Parfois, un peloton de cavalérie tombait sur eux et s'éloignait comme une 'i-ronïbe. Parfois une automobile, dans' un vacarme assourdissant, les bousculait. Ils se dispersaient un instant, et quand le danger était passé ils reprenaient leur marche....