Extrait du journal
De ces deux hommeSj nous en connaissons un maintenant; l'autre est un ancien ministre de la République, M. Crémieux, ami sûr et grand amateur, -enthousiaste non moins que dévoué, et, de plus, rédacteur de ce fameux traité des Huguenots qui vient de servir de type au traité de l'Africaine, un contrat qui dit ce qu'il veut dire, celui-là clair, précis, catégorique en ses exigences, et qui, en somme, fait honneur à tout le monde, au grand nom pour lequel on a pu stipuler de tels privilèges, comme à Padminis"tration supérieure qui les a de plein gré consentis, sans même marchander ce droit de veto absolu que la veuve du compositeur s'est -réservé d'exercer de tout temps d'une façon discrétionnaire de telle sorte qu'à la veille de la représentation, l'ouvrage pourrait encore être retiré impunément Et pour que dans ce traité tout se passât en dehors des simples usages, ce n'est point un commis ordinaire qui l'a signé, mais le -ministre en personne, un maréchal 'de France.. Tous ceux qui ont connu de près Meyerbeer penseront avec moi qu'il y a là un hommage auquel son amour-propre eût été très sensible. Sans être obséquieux ni plat,.l'auteur des-Hzcgv,enots et de l'Africaine se plaisait au commerce des grands. De la patrie allemande, qui fut en dernière analyse, :et quoi qu'on en ait dit, sa vraie patrie, car il était Prussien dans l'âme, de l'Allemagne il tenait -ce culte des hiérarchies sociales, ce goût d'un certain formalisme en toute chose. Si la majesté de l'histoire lui parlait assez haut pour qu'il s'inclinât davarit un Hapsbpurg, un jHohenzollern, il n'était point fïiché qu'à leur tour les empereurs, les rois et leurs ministres reconnussent les droits du génie. Haimait les décorations, en parlait en fin collectionneur. Ce n'est pas lui qui jamais eût confondu tel Ordre qu'on -prodigue avec tel autre dont on compte en Europe les quelques rares dignitaires.. Un illustre ecrivain, jadis ministre, me'disait un jour à propos d'une croix «Je dois en avoir le 'grand-cordon quelque part, seulement je ne l'ai jamais déplié. » En fait de ruvbans, Meyerbeer les dépliait tous, mais il savait ce qu'en vaut l'aune. Rien ne se perd en ce monde, et ses facultés de diplomate autre part que dans la politique trouvaient leur emploi....
À propos
En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.
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