Extrait du journal

» dignes d'en Ire nous furent oubliés ou méconnus. Des trois » premières médailles que tu distribuas, une seule était méri» tée ; et semblable aux Athéniens dont parle saint Paul, tu as » élevé un autsl aux deux inconnus ! » Gloire déchue, splendeur éclipsée, ô Jury! tu ne jettes » plus que les pâles rayonnements d'un astre éteint. L'art est » grand, mais tu ne seras plus son prophète. Les cieux sont » vastes, mais tu n'y brilleras plus. Les artistes ne passeront » plus sous tes fourches caudines ; désormais tous sont appelés » dans l'arène largement ouverte. Le peintre est responsable, » et le public est juge. 0 Jury ! on te rendra plus tard la jus» tice qui t'est due, et console-toi de mourir, puisque tu t'é» teins dans la lumière de la liberté qui revient. » • ' . ■ , . . .. r Ainsi chanta Ovide, d'iiùë voix vibrante qt sur un rmnhme cadencé; quand il s'arrêta, les applaudissements et les cris d'en thousiasme saluèrent le peintre poète, trois fois ils s'éteigni rent et trois fois se relevèrent, grondant dans l'atelier comme un tonnerre prolongé. Puis la conversation reprit son cours et la critique ses droits. Sur le dernier salon, sur les récompenses, sur le jury, on dit tant de choses justes, spirituelles ou fines, qu'il me faudrait dix colonnes pour les écrire et la mémoire de La Mirandolepour m'en souvenir. Mais comme il arrive presque toujours dans les assemblées composées d'hommes, on parla fort, on s'entendit peu, on ne conclut pas, on coniprit à la longue qu'il vaut mieux regarder la peinture que la discuter, et la causerie suivit une autre route. Tous les arts sont cousins s'ils ne sont frères, et on ne peut disconvenir qu'il y ait quelque ressemblance entre le pinceau qui travaille pour les yeux et la plume qui peint pour l'esprit, Or donc, après avoir parlé de tableaux on causa de livres....