Extrait du journal
sur ton enfant ! » Cela est très heureusement imaginé pouu frapper le spectateur, au bon.endroit et le conquérir au demies moment, mais cela ne prouve absolument rien ; et, malgré la sincérité de l'époux d'Amélie, je doute qu'il soit guéri d'une passion par une autre : le rideau tombe, une scène touchante de famille enlève l'angoisse du spectateur, mais la pièce. est à re commencer ou à continuer. ■ . . , Ce qu'il faut louer, et sincèrement, dans la pièce de MM. Bar rière et Crisafulli, ce n'est pas l'étude du principal personnage^ «le joueur, » ce softt plusieurs scènes très belles, un intérêt soutenu pendant cinq actes, et ce mouvement qui s'échappe d'une œuvre vivante et qui tient en éveil toutes les fibres du spèctateur. A l'exception de la scène si émouvante du quatrième acte,, dans,laquelle Ra;oul de Villefranche,' placé entré la ruine et le. suicide, et apprenant qu'il a été 4upe, ,s'essaie devant une, glace au métier de fripoB, les éléments d'intérêt qui entrent dan§ la comédie de M. Barrière se trouveraient un peu partout, si l'on cherchait bien. On nous a montré bien, des fois, on nous, montrera toujours avec le même succès cette fille qui se mari& contre le gré de son père ; ce père trop heureux de couvrir de. baisers l'enfant à laquelle il voulait fermer à tout jamais sa maison et son cœur; cette fille regrettant auprès de l'époux qu'elle a suivi la maison paternelle qu'elle a quittée. Malvina nous avait chanté quelques couplets de celte chanson, qui n'é tait pas nouvelle à l'époque où M. Scribe la fredonna. Le mau vais génie de Raoul de Villefranche, cet escroc du grand monde baptisé à l'espagnole, est aussi pour nous un visage de connaissance. Nous l'avons connu sous un autre nom, mais il jouait exactement le même personnage dans Trente ans de la vie d'un joueur. Qu'importe! on ne crée rien avec rien. Dieu, lui-même a pris dans le chaos les éléments de son drame des six jours. Le nombre des situations fortes ou tendues est extrême ment limité ; les dramaturges et les moralistes ont classé depuis longtemps l'homme suivant ses penchants et ses appétits ; les fai seurs de pièces ou de maximes se l'empruntent l'un après l'autre ; il appartient aujourd'hui à Pierre, il sera demain à Jacques; l'originaliié de Pierre, l'invention de Jacques, consistent à l'ha biller d'autre sorte : que ce soit un écrivain de génie ou un im bécile qui le fasse parler, il aura, quoi qu'on fasse, les passions tournées de ce côté-ci et le nez fait comme cela. Le troisième et le quatrième actes du Démon du jeu sont les meilleurs de la pièce. L'un est plein de gaieté, l'autre rempli d'émotion. L'ouvrage est'd'ailleurs joué avec ensemble. Dans" la grande scène où les mauvaises inspirations d'un complice lui font livrer à sa conscience le plus terrible, le plus douloureux des combats, Lafontaine a eu des éclairs qui ont illuminé la salle. Ce qu'il y a parfois d'exagéré dans les élans du comé dien le sert bien dans ce rôle. Il n'est lui-même que dans les situations extrêmement tendues, il n'est vrai que dans les personnages qui outrent un peu la nature ; en un mot, il joue la comédie comme certains virtuoses chantent l'opéra : il faut que l'auteur lui laisse une grande latitude dans les points-d'or gue de la passion. Mon Dieu! que Lesueur est amusant dans le capitaine Godelet! Le capitaine est le pivot sur le!quel tourne, aux éclats de rire de la salle, l'excellent troisième acte de la comédie de M. Barrière. Le rôle d'Amélie, "échu à Victoria, se trouve placé sur le second plan. Le rôle n'a qu'une scène muette. Mme de Villefranche surprend son mari s'exerçant à corriger le sort et répétant devant la glace une scène de tricherie au jeu. Amé lie, saisie d'un tremblement nerveux, s'affaisse sur un fauteuil. Il faut suivre sur la physionomie mobile de la jeune actrice les phases de cet évanouissement ; cela dure une seconde, et cela est admirable. Miss Crockett, la duègne anglaise, jouée par Mélanie, est une caricature dont l'effort n'arrive pas toujours à la gaieté. En revanche, le prince Bolstoï est une figure plai-...
À propos
En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.
En savoir plus Données de classification - barrière
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