Extrait du journal
Le public doit s'attendre de ma part à des explications sur la positioh qui m'a été faite devant le jury de Versailles. J'ai cru devoir confier l'ènquête de cette douloureuse affaire à M. de Bragelonne, secrétaire de la rédaction du Figaro. On en verra le résultat consigné dans la lettre suivante que j'adresse A M. Flandin, président des assises de Versailles. " Monsieur le président, Avant-hier j'étais assigné comme témoin à la requête du ministère public devant la Cour d'assises de Versailles, et j'a vais plutôt l'air d'un accusé — moins la défense qui ne m'était pas permise. Pressé par la justice de nommer celui qui m'avait apporté à mon imprimerie les éléments de la note annonçant le duel de M. le duc de Caderousse et de M. Dillon, j'ai déclaré que, me trouvant lié par ma parole, il m'était interdit de répondre à cette question, mais que la personne mise en cause se trouvant présente à l'audience, il lui était facile de me tirer du cruel embarras dans lequel elle me voyait. C'est alors que M. de Noé s'est levé et a prononcé avec éner gie les paroles suivantes que je copie dans la Gazelle des Tri bunaux : m. le colonel de noé se lève et dît : Je dégage M. de Villemessant de sa parole. Du reste, je ne suis pas fâché de le déshabiller devant vous. Quand la duel n'était pas encore décidé, j'allai trouver M. de Villemessant, en lui disant : « Un article offensant pour un ami a été publié, voulez-fous me prêter l'appui de votre journal ? • M. de Villemessant me dit: « Il est bien, dès à présent, de dire quel que petite chose, cela fera bien ; cela prouvera que le Figaro est toujours bien informé. » Je le suppliai de n'en rien faire. Je lui dis : « Non, n'en parlez pas. » Ai-je besoin de dire que j'ai été étranger à cet article dans lequel on disait qu'un gentilhomme refusait un duel en se cachant derrière son écu? Pouvais-je approuver et encou rager un tel article, moi militaire, moi gentilhomme ? Eh bienl monsieur le président, non seulement ce militaire, ce gentilhomme avait inspiré la note en question, non seule ment il en avait autorisé l'insertion, mais encore il en avait corrigé les épreuves et y avait changé un mot, sans en avoir lé droit, sansy être autorisé par moi, ainsi que l'établitle certificat ci-joint, dont les signatures, toutes honorables, sont certifiées* par M. Kugelmann, mon imprimeur. procès-verbal d'enquête. Chargé par M. de Villemessant de procéder à une enquête relativement à l'assertion émise par M. de Noé devant la Cour d'assises de Versailles, attestant qu'il était resté complètement" étranger à la note insérée dans le Figaro du 19 octobre, voici l'ensemble des faits et des témoignages que je viens de recueil lir, et dont j'affirme sur l'honneur l'exactitude et la fidélité : " Le vendredi 18 octobre, à deux heures, au moment où s'a chevait la mise en pages du Figaro, un monsieur que je recon nus pour être M. de Noé se présenta à l'imprimerie Kugelmann et demanda à parler à M. de Villemessant en particulier ; il resta seul avec lui environ un quart d'heure. A la suite de cet entretien, M. de Villemessant me remit un journal belge, dont un article était entouré par un trait d'en cre, et me dicta un court entrefilet touchant une rencontre projetée entre deux personnes non désignées par leurs noms, line présenta à M. de Noé en me disant que ce dernier vien...
À propos
En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.
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