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Le Figaro, 23 septembre 1934

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Le Figaro
23 septembre 1934


Extrait du journal

LA VALSE 'DES ADIEUX Les fins de séjour sont rendues moins amères du fait de notre inconstance. Si nous ne devions considérer que l'achève ment de l'été, de nos oublis, , de nos liber tés physiques, l'instant du retour devrait nous être insupportable. Mais après un mois ou six semaines, quelle hospitalité et quel paysage n'ont pas perdu de leur attrait ? La nouveauté a cessé d'être, n'agit, plus... La curiosité s'est éteinte avec ce qui, déjà, devenait l'habitude. Et pour les plus secrètes de nos relations nouvelles quelle est celle qui, en,un mois, n'a pas livré son- énigme ? Déjà, pour tout con naître, nous n'éprouvons plus de vifs re grets à partir. D'autres horizons nous de viennent nécessaires, si ce n'est le port familier qui, dans sa cure de solitude, a repris des couleurs moins fades que. celles que nous lui prêtions lorsque nous l'avions quitté... Notre détachement, en conséquence, nous apparaît facile. Nous y mettons aisé ment cette pointe d'égoïsme qui caractérise les relations sociales. Nous refroidissons nos élans ; nous marquons à ravir que telles amabilités de vacances n'engagent pas l'avenir et que ces « à bientôt, à Paris, n'est-ce pas ? » ne signifient absolument rien, qu'ils sont une formule de plus dans l'annuaire des politesses. Caries échangées, promesses, conversations hâtives — auquel d'entre nous peuvent-elles faire encore illu sion ? Nous nous dispersons en nous ac cordant aux uns et aux autres le minimum de prévenances. A quoi bon prolonger les adieux, quand on s'est promis de se ren contrer bientôt — c'est-à-dire qu'on est à peu près sûr de ne pus se revoir de longtemps.. Et il y a ceux qui restent, les « auto chtones », tout ce petit peuple local qui a participé à nôtre séjour, l'a rendu par fois précaire, mais parfois aussi l'a paré de bonne grâce, ces jeunes femmes, petites commerçantes, petites fonctionnaires, à michemin du pourboire et des « relations », et ces exilés, médecins de campagne, phar maciens, négociants du lieu auxquels nous avons apporté soudain nos bouffées d'air parisiennes, nos modes absurdes, nos va gues enivrements,' et que nous laissons là, sans un au revoir. Heureusement qu'ils y sont faits, qu'ils n'ont pas trop l'âme romanesque, et qu'au fond de leur cœur, en provinciaux accomplis, ils nous mépri sent un tout petit peu !... Guermantes....

À propos

En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.

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