Extrait du journal

Le 1er mai. On avait annoncé — car on annonce beaucoup.de choses à propos du 1er mai — que M. Lépine, préfet de police, avait in formé les grands commerçants d'avoir, pour plus de. sûreté, à fermer leurs ma gasins ce jour-là. La Préfecture de police s'est justement émue de cette prétendue information, et elle s'est empressée de la faire démentir. Cela n'empêchera évidemment pas que beaucoup de magasins, par simple me sure de précaution, voudront peut-être rester fermés. Ils en seront quittes pour considérer ce jour comme une date fé riée qui n'aura pas été portée au calen drier. Et il se trouvera certainement aussi de prudentes ménagères qui dou bleront la veille au soir leurs provisions pour ne pas avoir à s'aventurer dans les rues, s'il s'y produisait, par hasard, quel que agitation. Mais de là à songer à se ravitailler comme pour un long siège, il y a loin. Nous ne savons que trop — et nous l'avons fait assez remarquer — à quel point toutes ces grèves sont déplorables. Nous n'avons pas hésité, non plus, à dire notre sentiment sur le désarroi dont on a fait preuve dans les sphères gouverne mentales. Mais le gouvernement joue rait une trop grosse partie en ne prenant pas toutes ses mesures pour empêcher tout désordre dans une ville comme Paris. Et les meneurs eux-mêmes du mouvement ouvrier ont trop d'intérêt à se garder de violences qui soulèveraient irrémédiablement contre eux l'opinion publique. Il y a donc tout lieu de croire que cette date si redoutée sera relativement fort calme: Il est bien rare d'ailleurs que les manifestations préparées et escomptées trop longtemps à l'avance produisent jamais un résultat. C'est un peu comme ces grandes journées parlementaires qui doivent révolutionner la face des choses, ou changer tout au moins le ministère, et qui, parce qu'elles ont été trop bruyam ment annoncées, se terminent générale ment en queue de poisson:.....