Extrait du journal

contributions augmentent, les indus tries cle luxe périclitent, puis nous tombons dans' la période électorale. Tous les livres qui sortiront dans ces deux mois sont condamnés. Le lecteur, dès qu'il devient électeur, ne lit plus que les journaux ; viendront aus§i les Jeux olympiques. La fête du muscle. Croyezvous que nous vendrons des romans ? En août, ce sera la. morte-saison, l'exo de Vers les plages. Nous monterons tris tement la garde devant nos étalages dé laissés. Qu'elles sont longues, les jour nées d'été, où personne ne vient nous solliciter ! Nous avons un fichu métier, que contrarient cent circonstances : s'il pleut, on ne.vend pas !... S'il fait, trop chaud, les clients désertent Paris,.on ne vend pas ; à l'époque cles termes, on ne vend pas. Durant les fêtes du Jour de l'an (15 jours) on ne vend que des livres reliés. Pâques ? L'auto' nous enlève nos clients. La baisse du change ? Elle est aussi cruelle que la hausse du change ! Un conflit politique, un succès dramati que, une inquiétude balkanique, une loi maladroite, une grève, réduisent nos profits à néant- Et dire qu'il y a quatre mille libraires dans le seul Paris !... » A ce moment, un livreur vint appor ter un considérable ballot de bouquins, mon interlocuteur signa une fiche, et dit d'un ton. résigné à -ses employés : « Met tez-moi ça dans l'étalage»'. s'il y à de la place ! » ' Pierre Veber....