Extrait du journal

VI (suite) Marcel et Jasmin se regardèrent. Après quelqu'es secondes d'une stupéfaction silen cieuse, un nouvel et formidable éclat de rire ébranla toutes les vitres de la Morgue. — Il a le vin comique, triait Jasmin, _ Ivrajeun roula évanoui sur le parquet, au pied des deux ivrognes. Il le relevèrent toujours-en riant, n'attribuant sa chute qu'à l'ivresse. Mais, à sa pâleur et à la" sueur glacée qui collait ses cheveux aux tempes, ils s'aper çurent bientôt que la- cause en était plus grave. Ils lui frappèrent dans les mains et lui jetèrent de l'eau au visage. Le laquais voulait à toute force lui faire avaler un verre de vin. Malgré la brutalité de ces secours, le malheureux reprit connaissance. Un flux de larmes le soulagea. On distinguait parmi ses sanglots ces phrases entre coupées: . — Vous avez raison... je suis un misérable, un vieux fou!... C'est le vin, voyez-vous, c'est le vin! Ne vous moquez plus de moi... et ne dites rien à personne... Oh! surtout à elle... que je vénère!... Mon bon mon sieur Marcel, oublions tout cela, ne m'en veuillez point et restez mon ami... — Mais, mon vieux, je ne t'en veux pas... De quoi t'en voudrais-je?..; Si j'avais été prévenu, si j'avais su qu'il s'agissait d'Henriette, je n'aurais pas fait de mé chantes plaisanteries et j'aurais pris la chose plus sé rieusement. Car, après tout, tu serais un gendre tout comme un autre, avec plus d'écus que tu n'en as ce pendant. . — J'ai six cents francs d'économies. — Belle affaire !.-.. on va loin avec cela !... _ ^ — Un chanoine de Notre-Dame, qui m'a occupé, m'a fait dire ce matin que je pouvais compter sur une...