Extrait du journal
Je n'éprouve aucun embarras à parler librement dans ce journal de la dernière publication ■ de M. Guizot. Les matières traitées par cet homme d'Etat sont du domaine de l'histoire, et, — si je considère le chemin qu'ont fait chez nous en dix ans les idées, les mœurs et les opinions, — de l'histoire ancienne. Auprès de ceux qui ne le liront pas, l'auteur de ces Mémoires court le risque de passer pour un contemporain d'Hérodote. Mais en dehors et audessus du ministre qui a le droit d'expliquer publique ment la cause de sa chute, cause qu'il a connue, comme l'Epine, étant par terre, il y a chez M. Guizot le grand écrivain ; il y a dans ses souvenirs politiques un livre remarquable ; et le livre et l'écrivain nous appartiennent à ces deux titres. Le deuxième volume des Mémoires pour servir à l'histoire de mon temps parcourt une période de vingtsix mois environ, de juillet 1830 à octobre 1832. Encore faut-il dire que, dans ce court espace, où s'entassèrent pourtant toute sorte d'événements et de périls au dedans et au deh'ors, l'écrivain n'est en scène que pendant les trois premiers mois de la royauté de Juillet, et que son initiative comme ministre de l'intérieur commence et finit avec le deuxième chapitre de ce volume. À vrai dire, la chose est peut-être d'une importance se condaire. M. Guizot n'a voulu écrire ni l'histoire de son temps, ni celle de ses divers ministères : ce n'est pas ce qu'on a fait autour de lui, avec lui ou contre lui, et ce qu'il a fait lui-môme, dont on trouvera le récit détaillé dans l'ou vrage en voie de publication ; mais ce qu'il a pensé et ce qu'il pense encore des affaires auxquelles il a été mêlé, et des hommes qu'il a comptés parmi ses alliés ou ses ad versaires. Il est aujourd'hui le chœur de la tragédie poli tique dont il fut longtemps le demi-dieu, et il pratique, autant que possible, de larges coupures dans une pièce qui a cessé d'être au répertoire, afin que les longueurs de l'action ne nuisent pas à la beauté de la musique. Ce parti pris de dominer les événements au lieu de les raconter, de les juger de très haut pour les embrasser tous et de plus loin, de les considérer le plus souvent comme un point presque imperceptible dans l'espace de la pensée, se laisse entrevoir déjà dans le premier volume des Mémoires; mais il frappe moins les yeux, parce que ce premier volume est une introduction en quelque sorte (1) En vente chez Michel Lévy, rue Vivienne...
À propos
En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.
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