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Le Figaro, 24 mai 1866

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Le Figaro
24 mai 1866


Extrait du journal

puis, soit qu'il eût entrevu ce moyen, soit qu'il se fût résolu à marcher sans plus d'hésitation dans la voie qu'il s'était tra cée, il alla droit à M. de Tirlay, les traits apaisés et l'œil tran quille. M. de Tirlay venait de mettre pied à terre et avait donné son cheval au domestique qui l'accompagnait, et qui, sur l'ordre de son maître, continua son chemin vers le château. Depuis le moment où il avait aperçu Maxime, M. de Tirlay était mal i l'aise. Il se doutait vaguement que Maxime pouvait être là pour son propre compte. S'il eût été seulement le témoin de M. de Mélin, il n'eût point pris la peine de venir à l'extrémité du parc au devant de l'adversaire du jeune homme. Ce duel avec Adolphe était déjà par lui-même une assez désagréable affaire. M. de. Tirlay ne se dissimulait pas que, en sa qualité de tuteur d'Isa belle, c'était un singulier rôle pour lui que de se battre avec le fiancé de la jeune fille. Mais il ne s'en était point tout d'abord trop ému. Il avait compté sur la discrétion de M. de Mélin, sur le silence de Lucile, car les femmes ne divulguent guères des aventures comme celle qui lui était arrivée, et il avait pensé qu'un futile prétexte expliquerait au besoin le coup d'épéetrès sérieux par lequel se terminerait le combat. 11 était en effet assez fort à l'escrime pour conduire le dénoûment à son gré. Mais la présence inattendue de Maxime, son attitude sombre, en lui donnant à penser que le comte était instruit de la vérité, le mettait en face d'une complication beaucoup plus grave. M. de Tirlay était à la fois mécontent de lui et profondément humilié. Cet homme pour qui le succès justifiait tout, sortait vite, une fois vaincu, de l'ivresse où ses passions l'avaient jeté. Il se jugeait lui-même avec autant de sévérité que de dédain. Aussi avait-il volontairement ralenti l'allure de son cheval, afin de pouvoir composer son visage...

À propos

En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.

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