Extrait du journal
sur Que de. pro» jets avofls-.nous faits ce soir là ! .Nous » aussi, comme tant d'autres, bâtissions '» des 'châteaux en Espagne ! » - ' Le Prince, continue le docteur, laissa échapper un mot bien grave et d'une haute portée, au sujet de M. le duc d'Aumale. M. le duc d'Aumale est le seul, je crois, des llls.deLouis-Philippe, qui n'ait point visité, dit-on,M. le comte de Cham bord. Quelqu'un se permettant, un jour, d'en faire l'observation au Prince. « On a d cherchésouvent, répondit celui-ci,à me » taire remarquer cette abstention. Je » n'y attache point d'importance; lorsque n M." lecomte de Paris est venu à moi, » c'est après un conseil de famille. 11 est » venu comme chefde maison, au nom de » tous sans exception, sans restriction » aucune. Je professe une grande estime » pour M. le duc d'Aumale. On m'a dit » que,sur plus d'un point, nous différions; '» je respecte son indépendance comme, » il respecte mes idées. Et puis! Dieu seul ^ » dispose et décide. Qui sait si, un jour, » M..le duc d'Aumale no sera pas utile » à toute la famille ? » Ces paroles me frappèrent .tellement,' que je priai le docteur de les répéter. Elles sont textuelles. . IJh:autre récit du médecin du comlo de Chambord me parut .si intéressant que, peu de jours après l'avoir entendu, . je me permis de le répéter à M. le comte de Paris. L'alné des Bourbons, d'après le sen timent de tous ceux qui l'ont approché, est doué d'une haute intelligence et d'un esprit essentiellement français etprompt à la répartie. Ces qualités frappent qui conque est admis en sa présence, mais le coté tendre de sa nature échappe na turellement aux visiteurs et aux person nages politiques qui font le pèlerinage de Frohsdorf. . Or, voici une confidence bien curieuse et bien importante, qui peut donner une idée de ce que serait la famille royale de France, si Dieu permettait jamais son retour aux Tuileries. Ceci se passait pendant une soirée de l'automne 1875. Le comte de Chambord, souffrant de puis plusieurs jours, gardait la chambre, et, seul, son vieux médecin était auprès de lui. Le Prince, taciturne et sombre contre son habitude, avait les yeux lixés sur les tisons du foyer, lorsque, tout a coup, rompant le silence : » Savoz-vous à quoi je pense, docteur, » en ce moment. Jo songe à mou isole> » ment en ce monde, à notre intérieur » froià-et désert. » Les années commencent h peser sur » nous; Madame et moi, sans nous le » dire, sentons plus que jamais le vide » de la maison et de la vie sans enfants, s L'ovsnir échappe à tous et j'ignore » celui qui nous est réservé ! mais, tQut » à l'heure, je me voyais en France, ra» mené par je ne sais quels événe» ments. » — J'étais remonté sur le trône. Or, » savez-vous quelle était alors ma pre» mière pensée, le premier soin qui me » préoccupait? — C'était d'aller au comte » de Paris et de lui adresser une unique » prière en le suppliant de ne point me » la refuser! Je lui demandais de venir » habiter avec moi. Je voulais que ma » maison fût la sienne, que le même toit » nous abritât tous les deux. Il était » ainsi constamment auprès de moi ; » notre table devenait commune,et, ppur » la première fois, je jouissais do cette » étroite intimité de famille qu'il m'a^été » interdit de connaître. Hélas! c'était un » bien beau rêve ! Nous ne nous quittions » plus; nos idées, nos vues, nos projets, » tout était en commun.— Ce n'était n plus seulement l'héritier : avec lui, je » retrouvais un fils, une fille aimée, de » chers petits enfants. » » Que de précieux avantages devaient » résulter pour notre France de cette » communauté de vie! Nulle décision » n'était prise sans avoir été mûrie et » concertée par nous deux. Nulle in» fluence ne s'interposant entre lui » et moi, que de grandes choses nous » pouvions tenter, que de blessures à » panser dans notre pauvre France, que B.de bien facilité par un tel accord ! — »Ah! cher docteur, pourquoi n'est-ce » qu'un rêve !» Lorsque je reportai à M. le comte de Paris, aussi fidèlement qu'il me fut pos sible, les touchantes paroles du chef de sa famille, je compris, à l'émotion pro fonde de l'héiitier du trône, combien les âmes des deux Princes étaient faites pour se-,comprendre, et je ne désespérai point de l'avenir....
À propos
En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.
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