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Le Figaro, 26 décembre 1927

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Le Figaro
26 décembre 1927


Extrait du journal

iiu JTOUM LE JOUR Le Jloël des Chiffonniers — C'est pour les chiffonniers de Malakoff. Merci pour eux ! Et suivi de ses jeunes scouts en tenue ré glementaire, un grand prêtre, tête nue, s'en allait, samedi, de magasin en magasin, et à chaque, visite la voiture à bras qui le suivait s'emplissait de jouets et de victuailles. Sur les boulevards, le public, amusé et sympathique, ne tardait pas à escorter le R. P. Doncœur et ses jeunes gens qui, en cette veille de Noël, accomplissaient leur bonne action quotidienne, obligatoire, on le sait, chez les Scouts de France. Un peu spéciale et fort amusante ce soir-là, la bonne action ! On avait décidé d'aller passer la nuit au Clos Montholon, dans la cité des chiffonniers de Malakoff. Et chez ces petits gars de Belleville et de Méniimontant, le sou venir des deux mélos, l'histoire de la Chouetta et du père Jean ajoutaient à la satisfaction du devoir accompli une pointe de curiosité. Mais les chiffonniers de Malakoff sont de braves gens qui vivent sans mystère et ignorent Eugène Sue. Ils nous le firent bien voir. Il est onze heures, le long des chemins boueux qui, à la sortie de Vanves, conduisent au plateau de Montholon les scouts et leurs voitures chargées nous ont devancés. La nuit est triste et froide. On dirait» d'un paysage du front. Comme nous approchons d'un grand ba raquement, un feu de Bengale fort à propos nous montre le chemin. Et voici des lumières, des chants, des rires. Les chiffonniers du Clos Montholon, attirés par les préparatifs de la fête, ont déserté leurs maisons. Ils sont tous là, les vieux, les jeunes, les tout petits. Une trentaine de scouts de l'équipe des « routiers s> — les meilleurs d'entre tous — ont transformé la baraque en un véritable eden où brillent, sur une estrade, les grelots des polichinelles et les yeux de verre des poupées de porcelaine. Déjà les petits tendent les mains vers une aubaine aussi imprévue. Ees femmes, en che veux, convoitent les provisions offertes par les dames de la Halle au cœur tendre. Les hommes se dérident et la haute silhouette ' du P. Doncœur domine tout ce monde grouillant. Quelle patience, quelle jeunesse chez ce jé suite qui porte allègrement au poumon une balle égarée un soir, du côté dé Verdun... Il entonne soudain un vieux Noël, et tous .reprennent au refrain. A minuit, les bras chargés de jouets et de paquets, les petits chiffonniers et leurs pa rents se rendront à la chapelle et entendront sagement la messe de la Nativité. Quand les feux se furent éteints et que le silence régna enfin sur le Clos Montholon, un prêtre et une poignée de scouts s'étaient en dormis sur la terre nue de la baraque vide, en attendant le jour... Simon Arbellot....

À propos

En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.

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