Extrait du journal

de : « Plaqé aux jeunes! » doivent pleurer t. Le plus jeune député du législatif, c'est M. Thiers ; il est le seul qui soit encore capable de tendre l'arc des prétendants. Les Parisiens connaîtront, sans aucun doute, avant nous le3 conditions de la paix. Ici il circule une odeur fade de mau vaises nouvelles — on y met une obstina tion, une violence qui dénonce une co médie. On veut avoir l'air d'être contraint et forcé. Personne n'accepte carrément, nettement la situation ; personne ne veut comprendre que chaque jour perdu ajoute à nos raines et à nos douleurs. Je me permets de croire que la leçon que nous venons de recevoir n'a pas porté ses fruits, car je retrouve, en face des hésitations de la même majorité, les mêmes niaiseries de la même minorité. Nous n'avons rien appris, rien oublié. Dans la nuit du 3 au 4 septembre der nier, la majorité, par ses hésitations à se prononcer, -fournit à quelques intrigants l'occasion de voler le pouvoir; la majorité actuelle hésite jusqu'ici, et s'il y avait en core parmi les opposants quelque foi dans la situation, on pourrait escamoter le pouvoir. Quant à moi, qui me soucie peu que le gouvernement prochain s'appelle gris ou noir, blanc ou bleu, pourvu qu'il nous donne la somme de sécurité dont nous avons besoin, je soutiens qu'en ce moment il n'y a qu'un moyen de sortir de l'im passe où nous sommes, c'est d'agir vite. On n'est pas coupable parce qu'on fait un 2 décembre ou un 4 septembre, — on est coupable lorsqu'on n'est pas honnête le lendemain d'un 2 décembre et lors qu'on est incapable le lendemain d'un 4 septembre. *** Cela n'est qu'une appréciation person nelle, mais elle devient générale à Bor deaux, et je nè sais vraiment si je la subis ou si elle m'est vraiment personnelle. Les députés paraissent attacher plus d'importance à la liquidation du provi soire qu'à l'installation du définitif, à la mise en jugement des républicains qu'à la préparation de l'avenir. En politique autant qu'en art militaire, le mot action s'efface peu à peu du dictionnaire français. On n'agit pas, on cause, on parle. Aller à la réunion pour les opposants, aller à la commission pour les membres de la majo rité, est la principale affaire, — et ils croient avoir sauvé la France lorsqu'ils ont parlé dans le sein d'une commission (le sein d'une commission ! quel français !) ou exposé leurs idées à leurs collègues de la réunion. Pendant ce temps la Finance attend un gouvernement, comme elle a attendu six mois la victoire qu'on lui promettait. La victoire n'est pas venue, le gouvernement viendra-t-il ? Si M. Thiers et son gouvernement veu lent clouer la bouche aux opposants du parti de l'ordre, ils doivent se dépêcher — et il faut qu'ils se dépêchent — car nous ne pouvons pas attendre — et ce ne sera plus notre faible voix de journaliste qui s'élèvera pour réclamer au commerce, ce sera la voix de tout le travail français, de toute l'industrie nationale, de la banque, de la finance, de la propriété. Nous voulons travailler, nous voulons sortir, du provisoire. Il n'y a pas eu encore de séance aujour d'hui, mais on attend M. Thiers et ses coplénipotentiaires. Quelques plaisantins annoncent toujours pour ce soir ou pour demain 24 février la...