Extrait du journal
aux grèves et aux troubles, et qui, en tendant de nouveau ces paroles mor telles sur le capital qui les dévorerrecommencent à laisser l'outil pour le journal et la famille pour le cabaret. Enfin, derrière eux, les grands pro priétaires, les patrons, les curés, les ma gistrats, qui regardent avec décourage ment l'œuvre de toute une année dé truite en un jour. — Monsieur, me disait l'un d'eux, tant que ce sera ainsi, tous nos efforts seront inutiles; chaque nouvelle élection vient détruire ce que-nous commençons à édi fier! Cela est profondément vrai! Sans le suffrage ûniversel, Paris laisserait nos campagnes en repos. Dieu merci ! le jour où ils n'auraient plus besoin de lui, messieurs les démocrates se soucieraient i peu du peuple! Ils le laisseraient à ses épreuves et à ses misères, et n'auraient garde de dépenser leur argent en jour naux et en brochures. Le peuple saurait alors de quoi se compose ce grand dévouement, et se voyant brusquement abandonné par les républicains, tandis que les hommes d'ordre et de religion continueraient à s'occuper de lui, il rentrerait dans les mains de ses véritables chefs, c'est à dire : des classes dirigeantes. Car, pour la démocratie, le peuple n'est autre chose que de la matière électorale et de la matière payante: de la matière électorale, qui donne des situations, de la matière payante, qui solde le compte des révolutions. Les dernières élections ont été bonnes, me dit-on? Et qu'importe! Est-ce que le trouble en a été moins grand ? Est-ce que je n'ai pas vu ces petites campagnes de Bayeux, d'Arromanches, empoisonnées par tout ce qu'on croyait nécessaire au succès de l'avocat! L'avocat n'a pas été nommé, mais les paroles ont été dites. Vous ne considérez que le résultat, et vous ne voyez pas le mal immense com mis par le seul fait que la machine a fonctionné! Car cette machine ne sou lève dans ses rouages que les plus mau vaises passions : haines, intérêts, ambi tions, convoitises... tout ce qu'il y a de plus bas dans l'âme humaine! Pendant cette période maudite qui s'appelle la période électorale, on n'en tend pas un mot de devoir, de relève ment, de retour sur les fautes passées, pas une idée élevée, pas un sentiment patriotique f Les uns, les révolution naires, font appel aux convoitises et à la haine, les autres font appel aux intérêts et chaque candidat ne pense qu'à sa place de député. A cause de cela, j'estime que c'est jus tement cm lendemain d'urne bonne élection qu'on doit protester davantage, afin de ré- . veiller ceux qui se laissent engourdir' par cette apparence de succès ! Si nous avions une lueur de raison, nous n'au rions d'autre objectif,nous ne parlerions d'autre chose que du suffrage universel ! Tous nos discours, tous nos articles ne viseraient que lui ! ^ Le suffrage universel, c'est l'ennemi, c'est le monstre, le reste importe peu ! Septennat, Constitution, deuxième cham bre, parlementarisme; tout cela n'est rien. Quel que soit le nom qu'on donne à...
À propos
En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.
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