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Le Figaro, 27 février 1899

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Le Figaro
27 février 1899


Extrait du journal

L'agent de la Sûreté, à un de ses collè gues. — Je crois que nous le tenons. Il doit demeurer dans cet immeuble. Son collègue. — Cela est possible. Est-ce vraiment un homme dangereux ? L'agent de la Sûreté. — C'est un gaillard qui conspire contre nos institutions, voilà qui est certain. ' Son collègue. — Oh 1 oh ! L'agent de la Sûreté. — La police en a la conviction, mais il nous faudrait une preuve. Son collègue. — Si nous interrogions adroi tement la concierge. L'agent de la Sûreté. — L'idée n'est pas mauvaise. Entrons. (Ils entrent dans la maison et frappent à la porte de la concierge.) La concierge— Vous désirez ? L'agent de la Sûreté. — M. Durand, s'il vous plaît. La concierge. — Nous n'avons pas de M. Durand dans la maison. L'agent de la Sûreté, feignant l'étonnement. — Allons donc! La concierge. — C'est comme ça. L'agent de la Sûreté. — Vous n'avez pas ici un monsieur d'une cinquantaine d'années environ, grand, décoré de la Légion d'hon neur ?... . La concierge, méfiante. — Ça dépend. L'agent de la Sûreté, à part. — Il est pris. (Haut, avec autorité.y Est-il chez lui? , La concierge. —Je ne sais pas ce que vous ' voulez dire. , L'agent de la Sûreté. — Inutile d'user de subterfuge, madame. Je suis agent de la Sû reté et j'ai maintenant la certitude qu'il y a dans votre immeuble un locataire qui conspire contre la République. Quel est son nom- et à quel étage demeure-t-il ? La concierge, s'épanouissant. — Ué ! je vous prenais -pour des créanciers... Il fallait me dire plus tôt ce que vous veniez faire... Certainement que nous avons un conspirateur dans la maison, et un bon, je m'en vante 1 II n'y a que vous qui ne le sachiez pas;.. (Riant.) Alors, c'est le conspirateur que vous de mandez ? L'agent de la Sûreté. — Oui. La concierge. — Au deuxième au-dessus de l'entresol, à droite. Alfred Capus....

À propos

En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.

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