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Le Figaro, 28 janvier 1866

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Le Figaro
28 janvier 1866


Extrait du journal

à la troisième page de VEvénement. Faire boire à son mari une décoction de fleurs de mauve saupoudrée d'acide arsenieux, c'est du simple vaudeville. Ah! combien nous sommes plus forts ! en ce moment surtout où il est impossible d'ouvrir un journal sans y lire, tantôt qu'on vient d'arrêter un nommé Philippe, fortement soupçonné d'avoir supprimé à coups de rasoir les huit ou dix femmes de mauvaise vie qui ont disparu depuis quelques années ; tantôt qu'un époux mal assorti a pro fité de ce que sa femme prenait l'air sur le balcon pour la jeter parla fenêtre, comme on jette un sou à un joueur d'orgue ; tantôt qu'une femme a été trouvée sans tête dans les environs de Toulouse, et qu'il est par conséquent très difficile d'établir son identité, ce qui donne tort au mot de Sophie Amould sur ses camarades : — On leur couperait la tête que la moitié de Paris les re connaîtrait. Il est vrai que l'affaire s'est passée à Toulouse, et que de puis Sophie Arnould, la vertu des femmes a pris des propor tions gigantesques. La gendarmerie est aux champs pour retrouver la partie supérieure de cette infortunée ; dès qu'on rencontre une tête qui n'appartient à personne, on l'essaie ; mais pas une jusqu'ici ne s'adapte exactement. Voilà où en sont les choses. Avec le romantisme effréné qui règne actuellement chez les malfaiteurs, personne n'est plus sûr de rien. Les demoiselles qui trafiquent de leurs charmes, et elles sont bien encore trois ou quatre dans le département de la Seine, doivent vivre continuellement dans des transes mortelles. Chaque fois qu'un homme bien mis leur demande l'autorisation d'aller causer chez elles de l'annexion des Duchés, elles se trouvent tou jours entre ces deux questions qu'elles s'adressent à ellesmêmes : — Va-t-il me faire un sort ou va-t-il nie donner un coup de rasoir?...

À propos

En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.

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Données de classification
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