Extrait du journal
Quand, il y a trois ans, par une torride journée d'avril, j'arrivai en avion à DeirEs-Zor, sur l'Euphrate, à peu près â michemin entre Alep et Bagdad, j'y trouvai mi officier britannique de l'armée des Indes à qui il était survenu, la veille, une assez déplaisante aventure.,. De Mossoul, où sou régiment tenait garnison, désireux de gagner au plus vite l'Angleterre, pour y prendre son congé, il lui parut absurde d'accomplir un immense détour par Je Golfe .Persique, Bombay, l'Océan Indien, la Mef Rouge, fc Canal de Suez. Il était, semble-t-il, beaucoup plus sim ple et moins coûteux cPailer directement par le désert à Alep, ce qui ne représente guère que trois petites journées d'auto mobile. ■Malheureusement les chemins les plus courts ne sont pas tottjours les meilleurs, i Parti dans une voiturette qu'un entre preneur indigène lui avait louée, avec quelques autres voyageurs dont un évêque syrien, ils avaient été arrêtés une première fois, puis une deuxième, puis une troisième fois par des. Bédouins. Les modalités, on pourrait presque dire le cérémonial, de ces arrestations était chaque fois le même. Quelques cavaliers armés se tenaient sur la piste, à un endroit où le chemin, formant un coude, oblige la voiture à ralentir ; mettant brusquement le conducteur en joue, ils le sommaient de s'arrêter, ce à quoi ce dernier 11e man quait pas ; puis, faisant descendre les voyageurs, ils obligeaient chacun d'eux, d'une façon courtoise, mais ferme, a leur remettre dix livres turques en or Car le Bédouin a -le plus grand mépris pour 1e papier ; l:or est la seule monnaie qu'il reconnaisse et qu'il utilise. Le capitaine britannique prit avec assez de philosophie sa première arrestation, beaucoup moins bien la deuxième et tout à fait mal la troisième. K11 yam, invoqua-t-il sa qualité d'officier anglais. Les Bédouins ne paraissaient pas s'en soucier le moins du monde. Il arriva au poste français mortifié et furieux de voir qu'un voyage, considéré comme très économique, finissait par lui coûter effroyablement cher. Les Bédouins, fidèles à- leurs traditions ancestrales, se contentaient, en somme, de prélever un droit de péage sur les voya geurs du désert. C'est que l'automobile venait de faire son apparition dans lés pays, sur ces pis tes où n'avaient passé jusque-là que les caravanes et les chameaux. Depuis lors, son usage s'est considérablement déve loppé. La route à demi-terrestre des Indes est, et sera, de plus en plus, employée. Cette route est, d'une manière générale, très, suffisamment sûre maintenant. Le douloureux accident qui s'est pro duit, ces jours derniers, l'attaque à main armée d'un convoi automobile au cours duquel la femme de notre consul adjoint à Bagdad a malheureusement été tuée, sont le fait de quelques pillards, dont il est, dans ces étendues désertiques, bien difficile de Contrôler d'une manière effi cace les incursions. Mais il n'y a pas, après tout, que le dé sert où se produisent des attentats de ce genre. Pourquoi les plaines assyro-chaldéennes jouiraient-elles d'un privilège que ne possède aucun de nos pays civilisés? Les rares tribus nomades qui circulent à travers ces parages sont bien tenues en -mains par les autorités franco-britanni ques. Notre compagnie de méliaristes, qui a Palmvre comme port d'attache, rend, à cet égard, des services inestimables. S'il se produit de ci de là quelques vols, elle se lance hardiment à la poursuite de» pil lards qu'elle parvient presque toujours à rattraper. Les avions interviennent eu cas de be soin. Grâce aux uns et aux autres, grâce à une organisation judicieuse des trans ports, on peut maintenant, sans presque aucune crainte, se rendre, avec une rapi dité extrême, des rives de la Méditerranée ■ à celles du Golfe Persique. C'est en vain que le Bédouin essaierait de prendre sa revanche. La cupidité, qui. agit sur lui comme sur tous les humains, peut l'entraîner de temps à autre à quel que crime ; tout indique qu'il sera de plus en plus apprivoisé, domestiqué. Pour peu que le trafic des étrangers devienne plus intense, il s'accoutumera à tirer d'eux, par des procédés pacifiques, commerciaux, des profits copieux autant que réguliers. Il se fera guide, interprète, vendeur de ■monnaies, de poteries assyriennes, de vieux poignards, fabriqués à Manchester, etc..., etc... Au lieu de dévaliser les passants, il se contentera, ce qui est -d'un rendement beaucoup plus sûr, de les voler. *** Les touristes débarquant à Beyrouth, et désireux de gagner l'Inde ou la Perse par cette voie terrestre, ont le choix entre deux pistes, partant l'une et l'autre de Damas et présentant toutes-les deux des avantages. Celle du Sud est la plus courte. Elle coupe eu droite ligue, de Damas à Bagdad, à "travers le désert. On 11e rencontre ni ville, ni village, 'ni même une simple Imite. Aucun être humain, aucune mai son, aucun arbre. Des sable», des pierres, île soleil qui verse une lumière aveuglante sur ces étendues sans limites; c'est tout ! ' Les nomades les plus hardis hésitent à. s'aventurer dans cette contrée inhospita lière, craignant de périr "cle soif eqtre les puits très clairsemés. Partis de Damas le matin, les voyageurs campent en plein désert, passant la nuit-à la belle étoile ou dormant dans leur auto-...
À propos
En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.
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