Extrait du journal
Le 24 juillet 1926, le cabinet Poincaré était formé. Le 31, les projets financiers étaient votés à la Chambre et le 3 août au Sénat. Après le voyage à Vercailles, le i 1 août, la session était close. En dix-huit jours, le fer chaud avait été battu. C'est le 23 février que le cabinet Doumergue a obtenu les pleins pouvoirs d'éco nomies. Les Chambres en vacances depuis le 16 mars laissent au gouvernement la liberté d'agir. Depuis lors, nous avons vu M. Germain Martin réunir ses collègues compétents en finances et les ministres d'Etat, afin d'étudier les mesures projetées. L'examen est achevé, mais un différend «'est élevé entre le ministre des finances et le ministre du travail. Il s'est prolongé du rant plusieurs jours. M. Doumergue, qui va le trancher en conseil de Cabinet, fera valoir des raisons techniques, politiques et, surtout, ce motif supérieur que l'union na tionale comporte l'entente entre les mi nistres. Sommes-nous enfin à la veille de voir M. Lebrun signer un premier lot de décrets de compressions ? Il serait temps. Voici lé 28 mars et deux semaines se sont écoulées depuis qu'a sonné ce que M. Paul Reynaud nommait « l'heure des décrets-lois ». Si la confiance revint presque instanta nément en 1926, c'est que le ministre des finances fit preuve de célérité dictatoriale dans les décisions et dans l'exécution. La promptitude n'est pas seulement une vertu militaire qui assure le gain des batailles, elle prouve l'assurance, la hardiesse et la fermeté. Sans doute; la situation n'est pas pareille, dira-t-on : M. Poincaré a pu créer des impôts ; l'état d'esprit il y a huit ans était autre ; il n'y avait qu'une seule crise... Tout cela est vrai. Mais la chute du franc paraissait alors une aventure terriblement angoissante. Sans comparer le péril de jadis aux multiples dangers d'aujourd'hui, soyons persuadés que le proverbe « rien ne sert de courir », en 1926 comme à présent, était hors de saison. Il faut toujours gagner de vitesse les catastrophes menaçantes. Si encore M. Chéron avait un peu de chance avec ses magistrats et ses policiers, M. Germain Martin pourrait à loisir assou plir ses textes et les adapter aux préférences de ses collègues ; M. Adrien Marquet pour rait défendre la loi folle et son système de l'outillage national appliqué à l'équili bre de toute son énergie. Mais les succès enregistrés place Vendôme ne sont pas tels que la confiance, par eux seuls, soit rani mée. M. Ordonneau, ces jours-ci, à la suite d'une nouvelle perquisition vaine, se plaignait que les intéressés fussent toujours avertis des opérations qu'il prépare. « C'est inconcevable ! » s'écriait-il. L'opinion serait calmée, une fois encore, par un heureux résultat judiciaire. Les dé crets imposeront des sacrifices qui n'iront pas sans créer des mécontentements ; mais la pilule amère est indispensable au salut du franc. Il faut l'administrer. Elle est l'acte qui prouvera la force ministérielle. Ces décrets sont annoncés par le discours du président du Conseil lui-même. Qu'ils paraissent donc et soulagent la boiterie de l'infirme budget de 1934. Que le gouver nement de trêve devienne le gouverne ment du redressement. Il ne faut pas qu'on puisse dire que, lorsqu'ils ne sont pas gênés par leurs collègues, les ministres par lementaires se paralysent eux-mêmes à la pensée que les Chambres pourraient être là, qu'elles reviendront. Par bonheur, M. Doumergue n'est plus parlementaire. C'est une des causes de cette Eopularité à laquelle il ne sacrifiera rien. 1 agira sans laisser passer l'heure. La Yougoslavie veille à son intégrité...
À propos
En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.
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